La ribavirine pendant trois mois pourrait guérir l’hépatite E post transplantation

Il n'existe actuellement pas de traitement validé pour les hépatites virales E (HVE).

Le but de cette étude rétrospective multicentrique était d'évaluer les effets de la ribavirine, administrée en monothérapie chez des patients ayant reçu une greffe d'organe solide et ayant une virémie HVE prolongée. L’analyse a porté sur les dossiers de 59 malades (37 transplantations rénales, 10 hépatiques, 10 cardiaques, 5 combinant rein et pancréas, et deux pulmonaires).

La traitement par ribavirine a été initié après une médiane de 9 mois (extrêmes, 1 à 82) suivant le diagnostic de l'infection à virus de l’HVE, à une posologie médiane de 600 mg par jour (intervalle, 29 à 1200), ce qui équivaut à 8,1 mg par kilogramme de poids corporel par jour (intervalle, 0,6 à 16,3).
Les patients ont pris la ribavirine pendant une durée médiane de 3 mois (extrêmes de 1 à 18)  et 66 % d’entre eux pendant 3 mois ou moins .
Tous avaient une virémie HEV positive au début du traitement par la ribavirine (avec un génotype 3 pour les 54 chez lesquels un génotypage a été réalisé).

A la fin du traitement, 95 % des patients avaient négativé leur virémie HVE, et 10 ont présenté une récidive après arrêt de la ribavirine.

Une réponse virologique soutenue, définie, comme pour le l’hépatite C, par un ARN HVE indétectable au moins 6 mois après l'arrêt de la ribavirine a été obtenue chez 46 des 59 patients (78 %).
Une réponse virologique soutenue était également observée chez 4 des malades qui ont eu une récidive et ont été retraités avec une durée de traitement plus longue.

Un nombre de lymphocytes élevé au début du traitement par ribavirine est apparu être le seul facteur associé à plus grande probabilité de réponse virologique soutenue (médiane, en nombre de cellules/mm3, de 1 399 vs. 748 chez les répondeurs et non répondeurs respectivement).

L'anémie était le principal évènement indésirable imposant : une diminution de la posologie de ribavirine chez 29 % ; l'utilisation d'érythropoïétine chez 54 % ; et des transfusions sanguines chez 12 % des patients.

Cette étude multicentrique rétrospective montre que la ribavirine, en monothérapie, peut être efficace dans le traitement de l'infection chronique par le virus de l’hépatite E, et une durée de traitement de 3 mois semble appropriée dans la plupart des cas.

L’éditorial signé par David Thomas qui accompagne cette publication invite cependant à la prudence. Par sa nature, analyse de cas rétrospective, cette publication suggère mais ne prouve pas l’efficacité de la ribavirine dans l’hépatite E. Il y avait beaucoup d’hétérogénéité quant aux caractéristiques des patients, l’histoire de l’infection virale E, les raisons d’instauration d’un traitement par la ribavirine. Néanmoins, même si la clairance du VHE peut être survenue spontanément ou sous l’effet d’une diminution du traitement immunosuppresseur, la concordance avec le traitement par ribavirine est très en faveur d’un rôle causal pour la plupart des cas de guérison.

Professeur Marc Bardou

Référence
Kamar N et coll. : Ribavirin for Chronic Hepatitis E Virus Infection in Transplant Recipients. N Engl J Med 2014; 370: 1111-20. DOI: 10.1056/NEJMoa1215246

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