
Les stratégies de dépistage du cancer du côlon connaissent en Europe des variations importantes selon les pays, voire même dans certains pays, en fonction des régions. Si la recherche de sang occulte dans les selles tous les deux ans de 50 à 74 ans est la méthode choisie par la France, d’autres pays préfèrent la coloscopie ou la sigmoïdoscopie, comme alternative au test fécal ou comme méthode complémentaire pour certaines tranches d’âge.
La coloscopie en première intention, tous les 10 ans, s’est imposée aux Etats-Unis dans les années 1990 et les premiers travaux réalisés sur le sujet tendent à montrer une nette diminution de l’incidence des cancers du côlon et des décès s’y rapportant. L’Allemagne, l’Italie, la Pologne, l’Australie, la proposent aussi parfois en première intention. La question se pose toutefois de savoir si la coloscopie totale est réellement nécessaire ou si elle peut être remplacée par une sigmoïdoscopie. Les questions du coût, de l’observance, des complications et des moyens disponibles viennent en effet en balance avec l’efficacité en termes de réduction de l’incidence des cancers et de la mortalité.
Une équipe allemande a réalisé une méta-analyse des études disponibles sur le sujet. Quatre essais randomisés contrôlés sont disponibles pour évaluer l’efficacité de la sigmoïdoscopie et montrent une diminution de l’incidence du cancer colorectal et de la mortalité, de 20 à 30 % en analyse en intention de traiter et de 30 à 45 % en analyse per protocole. Ces résultats sont toutefois à nuancer : ils concernent en effet presque exclusivement les cancers distaux, avec seulement un effet modeste sur les cancers du côlon proximal.
En ce qui concerne l’efficacité de la coloscopie, seules 6 études observationnelles ont été retenues. Elles montrent une efficacité supérieure de la coloscopie par rapport à la sigmoïdoscopie. L’incidence du cancer colorectal apparaît alors réduite de 69 % en moyenne, mais avec une importante hétérogénéité selon les travaux. La coloscopie réduit le risque pour les cancers distaux et plus encore pour les cancers proximaux.
D’autres paramètres devront toutefois être considérés avant d’évaluer plus précisément l’efficacité de ce mode de dépistage. Il s’agit bien entendu du coût, de la disponibilité des praticiens et de la difficulté de l’examen, de l’assurance de la qualité de sa réalisation, de ses effets indésirables, sans oublier la compliance attendue.
Dr Roseline Péluchon