Le trouble du déficit de l’attention avec hyperactivité (TDAH) est un trouble du comportement controversé chez l’enfant. Il peut associer impulsivité, inattention et hyperactivité. Plusieurs études ont montré que ce trouble pouvait persister à l’âge adulte (dans 60 % des cas environ). Les conséquences dans la vie quotidienne sont peu connues et ce diagnostic reste méconnu de nombreux sujets. La prévalence du TDAH chez l’adulte est estimée entre 3 et 4 %.
L’équipe de Caen a rapporté les observations de six patients ayant consulté au CMRR (Centres de mémoires de ressources et de recherche) pour une plainte mnésique isolée et ancienne (5 femmes et 1 homme âgés de 22 à 74 ans). Ces sujets présentaient des comorbidités psychiatriques à type de syndrome dépressif et d'anxiété généralisée. Leur parcours était marqué par des difficultés scolaires et professionnelles. L'imagerie cérébrale et la biologie usuelle étaient sans particularités. Les tests cognitifs avaient identifié des difficultés de mémoire de travail (empans envers entre 2 et 4 et perturbations du test de Brown-Peterson), des difficultés en attention soutenue, ainsi qu’un défaut de maintien de stratégie au Wisconsin (4 patients). La mémoire épisodique et les autres fonctions instrumentales étaient préservées. Le diagnostic de TDAH a été porté après expertise psychiatrique (critères du DSM-IV) et évaluation par questionnaires spécifiques ASRS (Adult self report Scale) ou WURSS (Wender Utah Rating Scale).
Sur le plan clinique, il faut savoir rechercher des cas familiaux chez les enfants, repérer l’agitation psychomotrice. L'ancienneté et la stabilité des troubles doit faire évoquer un TDAH même chez un sujet plus âgé. L'expertise psychiatrique et l'utilisation des critères diagnostiques sont indispensables, même s'ils ne sont pas totalement validés chez l'adulte. La dépression et l'anxiété fréquemment associées ne doivent pas être considérées à tort comme responsables des troubles.
En pratique quotidienne, il est nécessaire d’évoquer rapidement ce diagnostic devant une plainte mnésique isolée et non évolutive car ce trouble peut entraîner un handicap socio-professionnel spécifique pouvant être diminué par une meilleure reconnaissance et une prise en charge psychiatrique adaptée.
Dr Christian Geny