En France, de nombreux professionnels ont été formés pour évaluer les troubles cognitifs. Et, le dépistage des troubles démentiels (objectif du plan Alzheimer) devrait être accessible à tous. Toutefois, les différents acteurs du bilan cognitif restent en difficulté chez certaines catégories de patients analphabètes et illettrés.
L’illettrisme reste très fréquent et l’on considère que 9 % de la tranche d’âge des 18-65 ans souffrent d’illettrisme en France. Cette proportion est plus importante dans des zones géographiques comme Bobigny avec 15,7 % des plus de 65 ans n’ayant jamais été scolarisés. Le test de base comme le MMS est en effet très influencé par le niveau culturel avec une perte de 5 points lié au calcul. Les patients non scolarisés sont perturbés dans les tâches de rappel avec une absence de regroupement sémantique. Ce mauvais résultat contraste avec des performances correctes en situation écologique. Des études anciennes chez les ouzbèkes, et plus récentes chez les enfants libériens, montrent que ceux-ci avaient des capacités d’apprentissage mnésique d’une liste de mots qui étaient inférieures à celles d’une population scolarisée, mais qui se normalisaient lorsque cette liste était intégrée dans un rappel d’histoire. De même, une étude comparant les performances d’enfants Mayas à des américains montrait que ces premiers avaient des performances d’apprentissage visuospatiales supérieures. Il est établi que l’environnement culturel détermine ce qui est pertinent à apprendre et à retenir. Ces données doivent être prises en compte dans la conception de tests appliqués à des populations spécifiques. C’est l’ambition d’un groupe de travail d’experts du GRECO (groupe de Réflexion évaluation cognitive) GREC-ILL. Ils ont ainsi développé 2 tests cognitifs en cours d’évaluation TMA-93 et TNI-93 dédiés à cette mission. D’autres tests sont en cours d’évaluation pour des populations de Guyane. Ces tests qui répondent à des critères d’exigence méthodologique seront prochainement disponibles.
Dr Christian Geny
