Psychotropes : halte aux idées reçues

Paris, le lundi 26 mai 2014 – Régulièrement, la presse grand public s’alarme de la tendance française à la surconsommation de médicaments psychotropes. En se basant sur des rapports officiels, tels ceux de l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM), elle met en avant des chiffres démontrant les tristes records détenus par la France et s’inquiète de leurs conséquences pour la santé. Il est en effet rappelé que ces médicaments ne sont pas sans effets secondaires. Ainsi, la semaine dernière, une information du Parisien sur ce thème a été largement reprise, avec focalisation sur les risques d’addiction, de suicides ou encore de troubles cognitifs.

Folie médiatique

Or, en matière de psychotropes, comme pour les autres médicaments, la psychose médiatique est souvent mauvaise pour la santé. Car si ces produits sont de fait associés à des effets secondaires et s’ils doivent répondre à une surveillance stricte des prescripteurs, ils sont également des traitements efficaces qui permettent (notamment) de prévenir les conséquences graves des états dépressifs. Fidèle à sa volonté d’apporter une information médicale et scientifique de qualité pour contrer les allégations présentées trop rapidement, et potentiellement dangereuses pour les patients, l’Académie nationale de médecine vient de rendre public un rapport sur les psychotropes, invitant à se méfier de certaines présentations hâtives.

Les psychotropes protègent plus du suicide qu’ils ne le provoquent

Ainsi, à propos de la prétendue surconsommation de ces médicaments en France, l’Académie remarque que « cette assertion omet de prendre en compte le fait que les Français consomment davantage de médecines que les pays comparables (…), le fait que la morbidité des pathologies justifiant la prescription d’un antidépresseur est élevée (…) et le fait que les prescriptions d’antidépresseurs sont en croissance dans les pays comparables dont la consommation talonne voire dépasse désormais celle qui est observée en France ». Par ailleurs, concernant le risque de suicide induit par l’utilisation d’antidépresseurs, l’Académie observe que « bien prescrits les antidépresseurs ont un effet anti suicidaire ». Elle n’omet cependant pas de préciser que « la mise en route d’un traitement (…) doit se faire après évaluation des facteurs de risque de conduite suicidaire » et qu’un suivi très strict doit être établi. Enfin, elle insiste sur le fait que des études portant sur les effets des antidépresseurs chez l’enfant devraient être menées de façon urgente.

Aurélie Haroche

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