
Cette situation provoque chez beaucoup d’observateurs des indignations sans réserve. Le professeur Jean-Paul Laplace, membre de l’Académie nationale de médecine et de l’Académie vétérinaire de France nous a ainsi récemment adressé ce véritable cri d’alarme !
Par le professeur Jean-Paul Laplace*
Récemment, Jacques Attali (2) citait comme étant de gauche, l’altruisme, la tolérance, l’indulgence, et de droite, l’individualisme, l’impatience, l’exigence ! Etrange vision d’un monde manichéen qui ne connaît que des intellectuels « de gauche » (un tic de langage sans doute) et des écologistes « de gauche » ! Sont-ils donc tous hémianopsiques, privés de la moitié de leur champ visuel ? Sans doute pas, car ils savent. Sont-ils hémiplégiques ? Ou tout simplement de mauvaise foi ? Peu importe. Une chose est certaine : l’écologie n’est ni de gauche, ni de droite ; il est temps de comprendre qu'elle est devenue une urgence commune.
Un défi majeur
C'est à nous de rendre compatible l’expansion actuelle de l’humanité (bientôt 9 milliards d’humains) avec le fonctionnement de notre planète. Pour que la protection de l'environnement et le développement durable ne soient plus réduits à des expressions galvaudées, il convient de nous fixer au plus vite un objectif ambitieux mais réaliste en matière d’énergie, d’eau et de nourriture pour tous les habitants de la planète. Pour cela, nous avons besoin de connaissances et d'expertise en totale objectivité et grande lucidité. L'écologie n'est ni une idéologie ni un alibi à visée électoraliste, mais une Science de la complexité, exigeant le recours à de multiples disciplines dans un travail collectif d’évaluation contradictoire. L'écologie ne saurait rester la chasse gardée de partis, organismes ou autres groupes de pression dans une logique médiatique sur fond de conflits d'intérêt. L'écologie ne peut vivre et donner sa pleine mesure au service des hommes et de la planète que si elle est enfin libérée des manœuvres qui la disqualifient et la dénaturent.La preuve par la science
Laissons quelques privilégiés rêver d’énergies renouvelables, mais l'éolien ou le solaire restent des utopies car il est démontré que, si séduisantes soient-elles, ces solutions ne sauront jamais satisfaire les énormes besoins de l’humanité. On peut toujours se donner un délai dans l'exploitation des énergies fossiles avec les gaz de schistes, mais à quel prix environnemental ! Employons plutôt notre énergie à exploiter, domestiquer et sécuriser l’hydrogène et le nucléaire (3). Au lieu de persister à nier la réalité, prenons enfin conscience de l'urgence de nos choix ! Concernant les Sciences du Vivant, pourquoi une telle défiance face à la vaccination, qui pourrait nous délivrer enfin de fléaux qui ont depuis toujours décimé l'humanité, empêchant par exemple l’éradication de la rougeole ou de la poliomyélite ? Et alors que nous utilisons sans crainte et avec le plus grand bénéfice le génie génétique et toutes les ressources des biotechnologies au service de la santé, pourquoi refuser l’usage de ces mêmes techniques dans le domaine de la production végétale ? La rage a été éradiquée en France tout simplement en appâtant les renards dans la zone d’endémie avec des boulettes contenant un vaccin produit par recombinaison génétique. On a beaucoup douté de la thérapie génique, mais sait-on que 75 malades ont ainsi été traités à ce jour dans le monde et qu'une immense majorité d'entre eux vit toujours et en bonne santé ? Grâce à Alain Fischer, notre pays a été pionnier en la matière en guérissant les fameux « bébés bulles », grâce à une autogreffe utilisant pour la première fois avec succès les propres cellules de l'enfant auxquelles avait été ajoutée une copie normale du gène défaillant. Soyons enfin lucides : oui, nous avons besoin de virus maîtrisés pour faire face aux nouvelles pandémies qui sont à nos portes ; oui, nous devons pouvoir utiliser des cellules souches, des cellules réparées et des cellules réparatrices pour vivre plus longtemps en bonne santé ; et oui, nous avons aussi besoin de plantes modifiées pour résister à la sécheresse, à la salinité, aux ravageurs des cultures qui affament des centaines de millions d’humains.Les vrais lanceurs d'alerte
Il n’est plus tolérable de laisser décrier la recherche, détruire le travail des chercheurs, et nier les évidences scientifiques. Il est criminel pour le futur de l'humanité d’entraver un progrès légitime qui vient amplifier avec une précision et une sécurité accrues les bénéfices qu'elle tire depuis des millénaires de méthodes empiriques de sélection. Il suffit ! Nous avons été trop indulgents et trop tolérants avec l’écologie « de gauche » qui ne peut plus cacher qu’elle se soucie davantage de politique politicienne que de défense de l’environnement. Soyons à la fois altruistes et exigeants. Soyons impatients et déterminés. Et vous, les Politiques, pour une fois, n’ayez pas peur, osez reconnaître l'expertise scientifique à sa juste valeur et déjouer ainsi les menées fallacieuses qui vous entraînent à prendre des décisions dont vous serez redevables devant la postérité.
*Membre de l'Académie nationale de médecine et de l'Académie
vétérinaire de France
Ancien Président de l'Institut Français pour la Nutrition