Pas sûr à sang pour sang

Londres, le samedi 7 juin 2014 – Ils s’appelaient hier Nosferatu ou Dracula, ils se nomment plus sûrement aujourd’hui Bella et Edward (comme les héros de la série à succès Twilight) : de tout temps, des plaines de Transylvanie ou de l’Etat de Washington, les vampires ont fasciné. S’ils ont été le sujet de très nombreuses études universitaires, c’est principalement la littérature qui s’est penchée sur eux. La sociologie et la psychologie les a le plus souvent dédaignées, au-delà de l’utilisation métaphorique du mythe pour décrire certains comportements.

Dans les pas du docteur Van Helsing

Depuis une dizaine d’années, le docteur Janet Goodall, chercheuse au sein de l’Institute of Education de l’Université de Warwick et le docteur Emyr Williams, directeur de recherche en psychologie au sein de la Glyndwr University à Wrexham font exception. Ils étudient les vampires, les vrais. Après avoir publié avec Janet Goodall une analyse sur la façon dont les nouvelles représentations des vampires ont offert une image plus glamour de ce mythe, le docteur Emyr Williams a désormais pour ambition de percer le mystère de ceux qui en Grande-Bretagne et ailleurs croient réellement avoir besoin de sucer le sang des autres pour vivre. Ils seraient selon Emyr Williams 15 000 en Grande-Bretagne à être convaincus d’être des « vampires » (on ne sait quel crédit il faut accorder à ces données "épidémiologiques").

Pas de remake du « Vampires » de Carpenter

Cette communauté, toujours selon le psychologue, dont les idées ont été exposées il y a quelques jours par le Telegraph, vivrait selon des codes très établis, répondant à des règles "éthiques" précises. Ainsi, ne s’attaquent-ils pas à des « victimes » innocentes comme dans le premier film d’horreur venu. Soit, ils s’échangent leur sang, comme dans le cas de ce couple britannique, Pyretta Blaze et Andy Filth récemment invités de l’émission « This Morning », soit ils bénéficient du soutien de donneurs de sang volontaires qui seraient (d'après ces auteurs) jusqu’à 30 000 ! Enfin toujours selon Blaze et Filth, les « vampires » ne mordent pas à l’aveugle et ne découpent que très parcimonieusement quelques parties précises du corps et sans en abuser.

Dracula, l’immortel

Emyr Williams a décidé de lancer la première étude académique (connue) sur ce phénomène. Son but est de rassembler le plus grand nombre de données possibles afin de mieux cerner les mécanismes psychologiques de ces sujets. Il souligne en préambule qu’il ne les considère nullement comme « fous ». « Je m’interroge sur la façon dont ils forment leurs communautés, leur niveau de bonheur, leur estime d’eux-mêmes et leurs croyances religieuses » explique le spécialiste au Telegraph. On le voit, en tant que psychologue, Emyr Williams prévoit de circonscrire son étude à un champ assez restreint portant sur les mécanismes psychologiques en jeu. Cependant, les questionnements pourraient être beaucoup plus larges. Outre un recensement plus précis indispensable, on pourrait se demander si ces "vampires" vivent effectivement plus longtemps que les autres humains (puisqu’une étude récemment menée chez des souris a suggéré le potentiel régénératif du sang frais !) ou si au contraire leurs pratiques sont associées à des maladies transmissibles diverses (et pas seulement mentales). Une étude sur ces donneurs de sang d'un nouveau genre, tant psychologique que physiologique, ne serait pas inutile non plus !

Aurélie Haroche

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