Crépuscules

Paris, le samedi 7 juin 2014 – C’est cette heure dorée où les nostalgies, les souffrances deviennent des trémolos sublimes ou des œuvres d’art flamboyantes. Ce moment qui n’est pas parfaitement la fin, mais qui déjà l’adieu. Et s’il était dans le crépuscule, dans cette annonce de la nuit, du vide, des éclairs fabuleux. Martha, l’héroïne solaire du premier film de la réalisatrice mexicaine Claudia-Sainte-Luce « Les Drôles de Poissons-Chats » est au crépuscule de sa vie. Séropositive, elle s’éteint peu à peu. Au cours d’un dernier été, elle va cependant transmettre non seulement à ses quatre enfants mais aussi à Claudia (double de la réalisatrice) jeune fille paumée rencontrée à l’hôpital alors que cette dernière devait subir une ablation de l’appendice, le goût de la vie, la joie comme unique leçon. C’est ainsi que ce qui aurait pu être le récit d’une agonie, la plongée dans les ténèbres, est un film lumineux et sensuel, qui renoue cependant en son crépuscule avec la tragédie.

Chouette

Que font les drôles de poissons-chats la nuit ? A quoi rêvent ces animaux ? Vous trouverez peut-être une réponse à cette question crépusculaire au Muséum d’histoire naturelle à Paris qui propose depuis le mois de février et jusqu’en novembre une exposition sur la « nuit ». La belle scénographie de cette manifestation nous plonge dans une ambiance nocturne : la promenade commence sous un ciel étoilé, se poursuit animée des bruissements des animaux dans la forêt et s’achève sur l’évocation du sommeil. Ce parcours ludique nous offre la possibilité de nous confronter à des savoirs très divers de l’astronomie à la biologie en passant par l’éthologie, la physiologie, l’anthropologie et la neurologie. Preuve s’il en était encore besoin que les nuits peuvent être encore plus vivantes que nos jours.

Hulots (ou Hubots)

Le crépuscule n’est pas seulement celui du jour, il peut aussi être celui d’une histoire ou d’un monde. Ainsi, la deuxième saison de la série suédoise « Real Humans » diffusée sur Arte touche à sa fin et les derniers épisodes proposés ce jeudi 11 juin nous permettront peut-être d’en savoir plus sur ce mystérieux virus informatique qui a transformé les Hubots, ces robots, en machine dangereuse. On suivra également avec intérêt les discussions autour du statut des robots, alors qu’une affaire judicaire pourrait à terme instaurer l’égalité des droits entre les humains et les robots. Une question qui bien sûr fera peut-être écho à certaines de nos préoccupations modernes ; préoccupations que beaucoup considèrent comme le signe de notre crépuscule.

Rapaces

Mais si le monde a connu un crépuscule, il a peut-être déjà eu lieu. C’était au siècle dernier. Celui des souffrances et des fins du monde en pagaille. Ces désastres sont parfois l’occasion de toucher la beauté, la beauté d’œuvres d’arts exposées au Musée international de la Croix Rouge. Des artistes célébrissimes tels que Picasso côtoient des figures moins connues mais qui toutes évoquent la souffrance, la douleur, face aux catastrophes qui ont traversé le XXème siècle, que ce soit en Europe ou dans le reste du monde. Ce monde de suppliciés laisse tomber sur le visiteur une nuit ténébreuse, traversée cependant par la fulgurance de la beauté.

Cinéma : « Les Drôles de Poissons Chats », de Claudia Saint-Luce, sortie le 28 mai, 1h29

Expositions : « Nuit », Grande Galerie de l’évolution, du 12 févier au 3 novembre, 36 rue Geoffroy Saint-Hilaire, 75005 Paris
« Trop Humain, Artistes des 20e et 21e siècles devant la souffrance », Musée international de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge, 17, avenue de la Paix, Genève.  Jusqu'au 4 janvier 2015.

Télévision : Arte, « Real Humans », le jeudi 11 juin, 20h40.

Aurélie Haroche

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