La fatigue est un symptôme fréquent de la polyarthrite rhumatoïde (PR) qui reste mal compris. D’où l’intérêt de plusieurs études présentées à l’EULAR qui se sont penchées sur cette question.
Un premier travail international mené sur 3 920 malades de 17 pays différents a évalué l'influence du pays de résidence sur le niveau de fatigue (1).
Les données provenaient de l'étude internationale COMORA.
La fatigue moyenne (mesurée par une échelle visuelle analogique) tous pays confondus était de 4,13 (déviation standard : 2,8). En analyse de régression, le sexe féminin et un haut score de comorbidités étaient associés à une plus grande fatigue (respectivement β = 0,72 ; intervalle de confiance à 95 % [IC95] de 0,5 à 0,9 et β = 0,3 ; IC95 de 0,24 à 0,37). L'ajout du pays de résidence augmentait l'ajustement global du modèle.
Après ajustement sur les facteurs individuels, les différences entre les scores de fatigue variaient de -3,9 entre le Venezuela et les Pays-Bas à -0,6 entre l’Italie et les Pays-Bas. Le développement et le statut économique des pays considérés n’expliquaient qu’une petite partie des différences observées. Des recherches ultérieures devront préciser le rôle d’autres facteurs qu’ils soient culturels, climatologiques ou linguistiques.
Un 2ème travail tchèque mené sur 1 029 malades a évalué les effets d'un an de biothérapie sur la fatigue des malades (2).
L'activité clinique, le SF36, la vitesse de sédimentation, le HAQ (Health Assessment questionnaire) étaient évalués à l'entrée et à 12 mois de traitement.
La fatigue, l'activité de la maladie et la qualité de vie étaient améliorées de façon significative (p < 0,001 pour les 3 paramètres) à 1 an. L'amélioration de la fatigue était corrélée de façon significative avec le DAS 28, la CRP et la VS, mais aussi avec le nombre d'articulations douloureuses (même si la significativité est bien moindre [p = 0,02]). De façon surprenante, il n’y avait pas de corrélation entre fatigue et nombre de synovites.
Un troisième travail prospectif français a cherché à identifier les facteurs prédictifs de l'amélioration de la fatigue chez 99 sujets atteints de PR nouvellement traités par biothérapie (3).
Les troubles du sommeil, l'état dépressif et la fatigue étaient évalués à M0 puis à M3 après le début de la biothérapie. Au total, 36 % des malades avaient une bonne réponse EULAR, 40 % une réponse modérée et 24 % pas de réponse. La fatigue, la qualité du sommeil, et l'état dépressif étaient améliorés respectivement dans 58,6 %, 26,3 % et 34,3 % des cas. Les facteurs associés à une moindre fatigue à M3 étaient une VS élevée à M0 (OR [odds ratio] = 5,7 ; IC95 de 2 à 16 ; p = 0,001) et une réponse EULAR favorable à M3 (OR = 4,8 ; IC95 de 1,6 à 14,8 ; p = 0,006). En revanche, le nombre de synovites supérieure à 5 à M0 (OR = 0,2 ; IC95 de 0,1 à 0,8) et l'utilisation de drogues psychotropes (OR = 0,2 ; IC95 de 0,004 à 0,9) étaient prédictifs de l'absence d'amélioration de la fatigue.
En conclusion, le pays de résidence aurait une influence sur la fatigue des malades atteints de PR.
Un an de biothérapie améliore significativement cette fatigue par l'intermédiaire de la diminution de l'activité de la maladie.
Dr Juliette Lasoudris Laloux