L’asthme à neutrophile existe-t-il ?

La littérature associe sévérité de l’asthme et présence de neutrophiles.

Dès 1993 une augmentation des neutrophiles a été constatée dans la sous-muqueuse bronchique des patients décédés d’asthme. L’infection, à l’origine de l’exacerbation asthmatique, pourrait cependant être responsable de cette neutrophilie.

D’autres travaux ont depuis noté une augmentation des neutrophiles tissulaires ou du liquide de lavage bronchioalvéolaire chez les asthmatiques sévères.

Une augmentation du déclin du VEMS dans le temps a également été mise en évidence chez les patients ayant des neutrophiles dans l’expectoration induite.

La neutrophilie sanguine n’est d’aucune utilité pour évaluer les neutrophiles dans l’expectoration.

Les preuves de l’existence d’un phénotype d’asthme à neutrophile sont parfois discutables car souvent issues d’études transversales.

Des problèmes de classification sont aussi évidents : il n’existe pas de standardisation du compte des neutrophiles. Or, le compte total cellulaire est fondamental. Devant une augmentation du nombre total des cellules, l’élévation des neutrophiles est en relation avec l’infection, alors qu’en cas d’élévation isolée du nombre de neutrophiles, avec un compte cellulaire total normal, le phénotype d’asthme peut être évoqué.

L’existence d’un traitement par corticoïdes n’est pas toujours prise en compte dans les études sur le sujet, ce qui est une autre cause d’erreur de classification. Lorsqu’on interrompt un traitement anti-inflammatoire à forte dose, on assiste à une augmentation des éosinophiles et seuls 5 % des patients conservent alors un phénotype neutrophilique.

Chez l’asthmatique sévère corticodépendant, l’infection par anérobies est prédominante et pourrait aussi être une cause d’augmentation des neutrophiles.

Le rôle bénéfique des neutrophiles est à envisager dans une telle situation, mais aussi dans l’asthme aigu. On a ainsi montré que le nombre de neutrophiles augmente dans un second temps, après la crise, lorsque le patient va mieux…

Il existe des traitements ciblant les neutrophiles en cours de développement comme les antagonistes d’IL (interleukine)-17/IL-23 et les inhibiteurs de la myélopéroxydase.

La place du phénotype neutrophilique dans la physiopathologie de l’asthme reste cependant à préciser avant de pouvoir utiliser sérieusement ce type de traitement…

Dr Geneviève Démonet

Référence
Nair P : New treatments options for asthma : Targeting neutrophils. EAACI (European Academy of Allergy and Clinical Immunology) Congress 2014 (Copenhague, Danemark) : 7-11 juin 2014.

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