
Paris, le samedi 27 juin 2014 – Est fou celui qui pense pouvoir traverser la vie sans affronter un seul danger. Ils se cachent dans chaque seconde, guettant le moment où ils pourront avec le plus de facilité sabrer votre tranquillité. Pour être plus habiles, ils se vêtent parfois de magnifiques ornements. Traquer la menace, le danger est le métier de Laura, la sombre et belle héroïne de « Chevrotine » le dernier roman d’Eric Fottorino. Elle travaille en effet au sein d’un cabinet d’iridologie, qui affirme pouvoir détecter les pathologies à venir grâce à l’observation de l’iris des malades. Ainsi, Laura voit-elle tout dans les yeux des autres, mais son regard ne trahit rien. Il ne dit notamment rien du danger qu’elle représente pour Chapireau, un marin de l’Ile de Ré qui va immédiatement tomber sous son charme et l’accueillir dans sa vie ainsi que celle de ses deux fils. L’enfer commence ici et Chapireau est impuissant face au danger permanent qu’est l’existence avec Laura, jusqu’au jour où il use de la seule arme qu’il sache manier : une volée de chevrotine.
Vingt printemps et une vie à apprendre
Le véritable danger pour Eloïse, l’une des deux héroïnes du film « Eté 85 », ce n’est pas l’amour, mais plus encore la vie. Elle reste protégée de ses épreuves, ses souffrances, ses doutes au sein d’un hôpital psychiatrique. Mais sa sœur, Josiane, qui souffre d’alcoolisme vient la « libérer ». Ce ne sera cependant pas le retour tant attendu à la maison, dans un cocon recomposé. C’est l’errance, car après la mort de leurs parents, Eloïse et Josiane ont également perdu leur maison d’enfance. Il ne leur reste qu’un petit mobile home au sein duquel elles vont devoir apprendre à se connaître et à affronter les mille dangers réservés à deux jeunes femmes fragiles, qui se lancent à corps perdu dans la vie.
L’hiver de l’humanité ?
Si l’on connaît les dangers d’aujourd’hui, difficile d’être certains de ceux de demain. A grand renfort de principe de précaution, beaucoup tentent de nous en prémunir. Mais il n’est pas aisé de savoir arbitrer entre la nécessité d’éviter les menaces et l’importance de ne pas se priver des outils qui nous permettront de mieux affronter les dangers de demain. Ce dilemme qui est au cœur de la notion de progrès parcourt le film « Transcendance » de Wally Pfister, sorti sur nos écrans ce mercredi avec comme vedette Johnny Deep. Dans un futur proche, des scientifiques tentent de mettre au point le premier ordinateur doté d’une conscience et capable de réfléchir de manière autonome. Mais leurs travaux ne sont pas sans dangers, ils sont fréquemment la cible des attaques des terroristes anti-technologies, qui parviennent à assassiner le responsable du projet, incarné par Johnny Deep. Sa femme, qui refuse cette mort brutale, réussit à utiliser les avancées de son époux pour que l’esprit de ce dernier devienne celui du premier super ordinateur de l’histoire. Quel danger ce dispositif surpuissant et omnipotent représente-t-il réellement pour l’humanité ?
Un été au théâtre
Heureusement, la vie n’est pas qu’un danger angoissant et mortifère. Il est des dangers légers comme une pièce de Feydeau. Dans « Les Fiancés de Loches » joué tout cet été au Théâtre du Palais Royal à Paris dans une mise en scène classique d’Hervé Devolder le danger qui attend deux frères et une sœur du Gévaudan montés à Paris est d’être entraîné dans une série de quiproquos réjouissants et loufoques. Car ce n’est pas à l’annonce d’une agence matrimoniale qu’ils ont répondu mais à celle d’une agence de placement : aussi le docteur Saint-Galmier qui les reçoit ne va pas leur faire découvrir l’amour mais son centre d’hydrothérapie pour malades mentaux où ils seront d’abord pris pour des domestiques avant de passer pour fous ! Du danger (et du plaisir) de s’embarquer dans l’inconnu !
Roman : « Chevronte », d’Eric Fottorino, Gallimard, 183 p., 18,50euros.
Cinéma :
« Eté 85 » de Nicolas Plouhinec, sortie le 25
juin, 1h34
« Transcendance » de Wally Pfister, sortie le 25 juin,
1h53.
Théâtre :
« Les Fiancés de Loches » de Georges Feydeau. Mise en
scène d’Hervé Devolder. Au Théâtre du Palais-Royal, 38 Rue de
Montpensier, 75001 Paris, jusqu’au 6 septembre.
Aurélie Haroche