
Pratiques charlatanesques
Plus récemment, il s’est une nouvelle fois attelé à cet exercice en proposant plusieurs articles et publicités glanés dans des revues bios qu’il feuilleta un jour par hasard, après « un long et copieux repas de famille ». Les bonnes pages de ces journaux ici présentées sont un florilège des mille et une pratiques charlatanesques vantées par ceux qui se réclament d’une médecine « bio » et « écologique ». Du côté des « classiques » très attendus, on n’échappe pas au dispositif « anti ondes ». « Les ondes, c’est le mal. Vous le savez, mais pourtant vous lisez ces lignes probablement via une liaison wi-fi. Irresponsables que vous êtes ! Pour un prix modique, voici tout un appareillage qui vous permettra de vivre dans un environnement sans ondes » se moque l’auteur de Grange Blanche. La publicité attenante propose en effet divers dispositifs dont les prix vont de 54,95 euros à 189,95 euros !Se détoxifier, c’est le pied !
Les « appareils » pour éviter les ondes font figure d’exception : dans la majorité des cas, les revues bios ne font pas la promotion d’outils « technologiques », mais plutôt de remèdes et de prises en charge aussi diverses que variées . Certains sont totalement loufoques. On retiendra par exemple dans cette catégorie : les « patchs détoxiquants pour les pieds ». Le principe est simple, pour en finir avec toutes ces toxines qui nous empoisonnent, il faut chaque nuit apposer ce patch sur ses pieds. Le matin « lorsque vous le retirez, le patch a changé de couleur et de consistance : les impuretés s’y sont déposées. Renouvelez l’opération plusieurs soirs de suite jusqu’à ce le patch soit propre le matin » préconise la réclame. Décryptage hilare de Jean-Marc Vailloud : « La preuve que ça marche est le dépôt de toxines, retrouvé sur le patch (...). Il faut recommencer jusqu’à ce que le patch reste immaculé. Cela peut prendre beaucoup de temps pour les toxines capillaires qui ne migrent pas bien vite. Pour les chauves, vous pouvez en rester au lot de 20 patchs à 24,95 euros », prescrit-il en riant sous cape.C’est le JAMA qui le dit (enfin presque)
Mais de plus en plus souvent, les recettes bio feignent de s’appuyer sur de véritables arguments scientifiques. Il en est par exemple ainsi d’une publicité vantant les mérites d’un « sel liquide » reposant sur l’affirmation selon laquelle il existe du bon et du mauvais sel « comme il y a du mauvais cholestérol et du bon. Pas d’inquiétude, il est facile de le reconnaître. Le mauvais, c’est du sel chimique (beurk) avec pour formule NaCl. Le bon, c’est du seul euh… biologique (wouhaaa, trop bon) », observe l’auteur de Grange-Blanche. Dans le même esprit, un article pose la question qui dérange : « y-a-t-il suffisamment de polyphénols santé dans votre huile d’olive ? » avant de se référer très doctement à un article du JAMA sur le lien entre les polyphénols présents dans les huiles d’olive et notamment l’hydroxytyrosol (!) et le risque de cancer de la prostate. « Le problème, c’est que dans les deux numéros de juin 2013, nul article s’intéresse à ce sujet passionnant, prostate et huile d’olive. J’ai aussi regardé dans les quatre numéros du JAMA, pas plus d’huile d’olive que de NaCl dans le sel biologique. On nous aurait trompé ? C’est impossible puisque bio. Je suppose qu’il s’agit plutôt d’une erreur de référence. Il doit bien exister un jamalubrifoliveoil ? » rectifie l’auteur de Grange Blanche.Le rire, meilleure des dénonciations ?
Enfin, cet aperçu des articles et publicités « bio » laisse une place non négligeable à un sujet inévitable : les méchants perturbateurs endocriniens. Sur ce sujet, les « sept commandements de l’éco-orgasmes » ont retenu l’attention de Jean-Marc Vailloud qui propose sa propre recette pour atteindre ce nirvana : « Pour un orgasme écologique optimal, je vous suggère de vous coller des patchs sur la plante des pieds, de porter sur la tête le cône anti-ondes multifonctions et de coller sur chaque fesse de votre partenaire les dispositifs anti-ondes à porter près de soi » suggère-t-il. Pour découvrir les autres publicités de cet inventaire (et notamment celle consacrée à l’ondobiologie, pratique qui fait l’objet d’un site web que Jean-Marc Vailloud recommande de consulter afin de constater à quel point c’est « effarant, burlesque et effrayant ») et constater qu’il est peut-être préférable de rire de ces pratiques qui abusent et escroquent les patients afin de mettre en évidence leur absurdité et leur félonie vous pouvez vous rendre sur la page : http://grangeblanche.com/2014/06/29/soigner-en-domptant-l-energie/Aurélie Haroche