
Le débat sur les bienfaits ou méfaits de l’alcool n’est pas près d’être enterré. Des études observationnelles ont montré en effet qu’une consommation modérée d’alcool pouvait réduire le risque cardio-vasculaire par rapport à une consommation nulle et bien entendu par rapport à une consommation importante. Selon ces études, la relation entre alcool et risque cardio-vasculaire prendrait la forme d’une courbe en U. La nature de cette association n’est toutefois pas claire et il n’est pas exclu que des facteurs confondants soient intervenus pour biaiser les résultats.
C’est en tous cas ce que l’on peut penser à la lecture d’une nouvelle étude, publiée récemment dans le British Medical Journal. Il s’agit d’une méta-analyse qui utilise une approche de randomisation mendélienne, classant les patients selon qu’ils possèdent ou non un variant du gène ADH1B. Ce variant a été associé à la survenue de flush lors de la consommation d’alcool, à une consommation inférieure d’alcool et à un risque inférieur de dépendance à l’alcool chez les adultes et adolescents buveurs. Il a été utilisé déjà dans des études de randomisation mendélienne pour étudier le rôle de l’alcool dans l’hypertension artérielle et certains cancers. Les auteurs ont analysé ainsi 56 études épidémiologiques incluant plus de 250 mille individus.
Les résultats interdiront tout alibi médical pour le « petit verre » quotidien. Les porteurs du variant du gène ADHB1, qui boivent en effet significativement moins que les non-porteurs, sont moins portés sur le Binge drinking et ont un plus fort taux d’abstinence, sont aussi globalement en meilleure santé cardio-vasculaire. Leur pression artérielle systolique est plus basse, leur tour de taille inférieur ainsi que leur indice de masse corporelle et les autres marqueurs du risque cardio-vasculaire. Ils ont aussi un risque inférieur de pathologie coronaire (odds ratio = 0,90 ; intervalle de confiance à 95% de 0,84 à 0,96). Les données de la méta-analyse permettent aux auteurs d’avancer que, quelque soit la quantité d’alcool consommée quotidiennement, même dans les zones les plus basses, réduire sa consommation de 17 % diminue de 10 % le risque de pathologie cardio-vasculaire.
Dr Roseline Péluchon