Paris, le samedi 2 août 2014 – L’aspiration d’un grand nombre de nos contemporains n’est pas de bâtir des châteaux en Espagne, de gravir les montagnes ou les marches de la gloire. Elle est plus modestement, plus simplement de trouver dans ce vaste monde un lieu qui pourrait, contre les affres de la vie, servir de refuge. Etrangement cet ersatz de foyer, ce temple à l’abri des blessures et des tourmentes, peut parfois prendre les traits d’un hôpital. Ainsi, "La Vallée", où se déroule en grande partie la bande dessinée éponyme de Trystam et Forneri est à mi chemin entre l’asile psychiatrique et le club de vacances pour doux illuminés. Les résidents qui ont trouvé refuge dans cet établissement créé par le docteur Meylaud, psychiatre, y cultivent leur folie à l’abri des autres : on peut sans faire sourciller personne être obsessionnellement effrayé par le chiffre « 6 » ou se promener jour et nuit avec une tête de crocodile. Les dessins permettent de bien rendre compte tout à la fois des troubles des patients du docteur Meylaud et de leur certaine douceur de vivre. Mais la tranquillité de "La Vallée" va être troublée par plusieurs meurtres. Le refuge des patients des docteurs Meylaud et Yellaud sera-t-il menacé ?
L’homme est un loup pour l’homme
Un hôpital comme « La Vallée » est un refuge quand les autres tentent de vous exclure du monde, auquel vous ne seriez pas suffisamment adapté. Il peut également l’être lorsque la guerre fait rage. Pendant la première guerre mondiale, de nombreux couvents devenus en quelques jours des hôpitaux militaires sont ainsi devenus les seuls abris possibles pour des soldats massacrés par la violence des conflits. En cette année de commémoration du centième anniversaire du début de cette guerre, de nombreuses villes ouvrent les portes des couvents qui ont servi pendant quatre ans d’hôpitaux militaires. Ce fut notamment le cas de la congrégation des sœurs de l’Immaculée Conception à Saint Méen le Grand (Finistère). Alors que la ville organise une exposition intitulée : "Les Gens d’ici dans la grande guerre" il sera possible tout au long du mois de septembre de découvrir au sein de la congrégation l’engagement des sœurs au sein de l’hôpital militaire fondé sur les mêmes lieux.
Ce n’est pas aux vieux singes…
La guerre pousse les hommes à trouver coûte que coûte un refuge, n’importe lequel. Elle est également l’heure où l’on tente de chasser d’autres êtres de leurs chers foyers. Parmi les nombreux thèmes exploités dans l’ouvrage de Pierre Boule "La planète des singes " figure cette question de l’appartenance du territoire. L’idée est reprise dans le blockbuster sorti cette semaine, second volet d’une nouvelle adaptation du roman de Pierre Boulet. Ainsi, " César ", le chef des singes rappelle-t-il à plusieurs reprises dans "La planète des singes, l’affrontement " que le lieu, la forêt qu’il habite avec plusieurs familles leur « appartient ». Les hommes pourtant, décimés pendant plusieurs années par un virus, dont beaucoup sont convaincus qu’il a été diffusé par les singes, vont engager un conflit pour récupérer ce territoire et éliminer le foyer des animaux.
Rire est le propre de l’homme
Le refuge n’est pas seulement une construction de pierre, un espace délimité, un havre de paix. Le refuge peut également se trouver dans une attitude. Pour les acteurs de la troupe "L’Envol", des adultes souffrant de handicap mental pensionnaires du Centre d’habitat de Hautes Roches, le théâtre et le rire sont devenus leur refuge. Ils l’illustrent d’une superbe façon en sortant de leur gîte et en offrant des spectacles réjouissants tous les étés. Une représentation de "La Clarté", un spectacle qui reprend des sketchs écrits par Jean-Michel Ribes et qui met en scène les affres d’un auteur en mal d’inspiration sera ainsi proposée ce 5 août à Mouchamps (Vendée).
Bande Dessinée : « La Vallée », Trystam et Forneri, éditions Dupuis, 56 pages, 12 euros
Exposition : « Les Gens d’ici dans la grande guerre », manifestations à Saint Méen Le Grand, du 1er août au 28 septembre.
Film : « La Planète des singes, l’affrontement », de Matt Reeves, le 30 juillet 2014, 2h11
Théâtre : « La Clarté », de Jean-Michel Ribes, troupe de théâtre « L’Envol », Mardi 5 Août - Salle omnisports à Mouchamps (85640), 21h30
Aurélie Haroche
