
Paris, le jeudi 7 août 2014 – Evoquée depuis plusieurs années dans le milieu du football américain, à la faveur notamment de procès engagés par d’anciens joueurs contre leurs clubs et ligues, la problématique de l’absence de prise en charge adaptée des commotions cérébrales sur les terrains de football européen est abordée plus récemment. Si les chocs paraissent moins fréquents et moins violents, les risques sont cependant incontestables. Nous avions ainsi déjà évoqué dans ces colonnes les résultats d’une étude menée par l’équipe américaine de Michael L. Lipton, publiée en juin 2013 dans la revue Radiology mettant en évidence que les footballeurs adeptes des passes et tirs de la tête présentent des altérations de leur IRM de diffusion. Par ailleurs, comme dans le football américain, joueurs et entraîneurs semblent toujours privilégier la poursuite du jeu plutôt que la préservation de la santé des sportifs.
Le cas Hugo Llroris
Pour l’heure, les instances nationales et internationales du football tardent à s’emparer du sujet. La récente coupe du monde qui s’est déroulée au Brésil pourrait cependant avoir marqué un tournant. Ainsi, après le non remplacement du footballer urugayen Alvaro Pereira, bien que manifestement victime d’un traumatisme crânien avec perte de connaissance lors du match de demi finale contre l’Angletterre, la Fédération mondiale des footballeurs professionnels a enjoint la FIFA de mener une enquête sur les protocoles de retour sur le terrain après une commotion cérébrale. Pour l’heure, la Fédération n’a pas encore formulé de réponse à cette interpellation. Cependant, la récente décision de la Fédération anglaise de football pourrait bien l’inciter à plus de rapidité. Cette dernière vient en effet d’annoncer que désormais tout choc semblant à l’origine d’une perte de connaissance devra entraîner le remplacement systématique du joueur victime. La Fédération anglaise indique par ailleurs qu’un médecin sera continuellement posté au bord de la pelouse afin d’apporter son soutien aux staffs médicaux des équipes si la prise en charge d’un traumatisme crânien était nécessaire. Les vidéos seront également mises à contribution pour « clarifier le déroulement des événements » précise le nouveau règlement. Cette décision de la Fédération anglaise est sans doute une réponse aux importantes critiques qu’elle avait dû essuyer lors de la saison dernière en ne sanctionnant d’aucune manière l’absence de remplacement du gardien de Tottenham, le français Hugo Lloris manifestement victime d’une perte de connaissance après que le genou de l’attaquant belge d’Everton, Romelu Lukaku, ait heurté sa tempe.
Des médecins pas assez indépendants
En adoptant de telles règles, la Fédération anglaise s’aligne et va même au-delà de l’évolution déjà engagée dans le monde du rugby. Depuis 2012, un « protocole commotion » a en effet été mis en place. Il permet la sortie et son remplacement temporaires du joueur victime (durant cinq minutes) afin que le médecin puisse procéder à l’évaluation de son état neurologique. Cependant, ce protocole est loin d’être parfait. D’abord, parce que les questions choisies pour évaluer le « score de Maddocks » portent toutes sur le match ou la saison en cours et laissent donc la possibilité de tricher selon les joueurs. Surtout ce « protocole » est loin d’être appliqué systématiquement, puisqu’il n’est associé à aucune sanction. La Fédération française de Rugby (FFR) est consciente de ces failles. Ainsi, a-t-elle notamment réalisé une étude, basée sur le visionnage des matchs, destinée à déterminer le nombre de « commotions » non évaluées. Il est apparu que durant la saison 2012-2013 sur les 26 journées de phase régulière de Top 14 et les barrages, 54 commotions pouvaient être identifiées dont quinze au moins n’ont pas été correctement évaluées sur le terrain. Des chiffres semblables s’observent l’année suivante avec 58 commotions cérébrales, dont 18 n’ont pas été suffisamment prises en charge. Ces résultats confirment une nouvelle fois l’absence de neutralité des médecins. Aussi, le docteur Jean-Claude Peyrin, président de la commission médicale de la FFR, a décidé d’user de nouvelles méthodes. « Si à la fin des matchs aller on constate qu’un club a fait une faute (concernant la prise en charge médicale d’un joueur, ndrl), on lui donnera un médecin indépendant systématiquement pour tous les matchs retour. Ce médecin sera à sa charge. Ensuite à partir des matchs de phase finale de Top 14 et Pro D2, il y aura systématiquement des médecins de match indépendants » explique-t-il cité par le Monde. Il s’agit pour lui de « responsabiliser » le corps médical.
Paris, le jeudi 7 août 2014 – Evoquée depuis plusieurs années dans le milieu du football américain, à la faveur notamment de procès engagés par d’anciens joueurs contre leurs clubs et ligues, la problématique de l’absence de prise en charge adaptée des commotions cérébrales sur les terrains de football européen est abordée plus récemment. Si les chocs paraissent moins fréquents et moins violents, les risques sont cependant incontestables. Nous avions ainsi déjà évoqué dans ces colonnes les résultats d’une étude menée par l’équipe américaine de Michael L. Lipton, publiée en juin 2013 dans la revue Radiology mettant en évidence que les footballeurs adeptes des passes et tirs de la tête présentent des altérations de leur IRM de diffusion. Par ailleurs, comme dans le football américain, joueurs et entraîneurs semblent toujours privilégier la poursuite du jeu plutôt que la préservation de la santé des sportifs.