
Bruxelles, le jeudi 28 août 2014 - D'après le dernier rapport de la commission fédérale de contrôle et d'évaluation de l'euthanasie, le nombre de déclarations (obligatoires aux termes de la loi du 28 mai 2002) d'euthanasies en Belgique a augmenté de plus de 50 % en deux ans. 2 086 ont été comptabilisées en 2010 et 2011 contre 3 239 en 2012-2013. Malgré cette hausse, ce type de mort demeure marginal par rapport à l'ensemble des décès. Ainsi, pour la seule année 2013, 1 807 déclarations ont été recensées pour plus de 100 000 décès, soit une proportion inférieure à 2 %. Cette élévation du recours à l'euthanasie, constante depuis la loi l’autorisant dans le royaume, s’expliquerait « par la diffusion progressive de l’information relative aux décisions en fin de vie auprès du public et des médecins ».
La période couverte par le dernier rapport aux chambres législatives souligne qu'aucune déclaration n'a été transmise à la justice. Chaque patient était incurable et grave, sans issue médicale possible (selon le rapport) comme prévu par la loi.
Le profil des personnes qui y ont recourt aurait aussi évolué.
Une pratique en constante évolution
Jaqueline Herremans, présidente de l'association du droit de mourir dans la dignité et membre de la commission explique ces changements à RTL Télévision : « au départ, plus de 80 % des personnes qui sollicitaient une euthanasie souffraient de cancer. Aujourd'hui, le cancer reste la première maladie pour laquelle les demandes d'euthanasie se produisent: plus de 75 %, mais d'autres maladies se sont, si j'ose dire, "invitées" dans le paysage. Il s'agit de toutes les maladies neurologiques. Je pense notamment à la sclérose en plaques, la maladie de Parkinson, la maladie d' Alzheimer(...). Ce sont des maladies séniles, mais la personne peut encore décider, avoir encore suffisamment de lucidité pour faire la demande d'euthanasie » (NDLR:?).
Dans le détail, dans 73 % des cas, « il s'agit de cancers généralisés ou gravement mutilants chez des patients dont le décès est attendu à brève échéance ». Dans une moindre mesure, il s'agit d'affections neuromusculaires évolutives mortelles (6 %). Suivent ensuite les affections cardio-vasculaires (5 %).
Dans 5 % des cas, la gravité de l’état pathologique et les souffrances résultaient de la coexistence de plusieurs pathologies incurables.
En ce qui concerne l'âge des patients, il n'y en a aucun en dessous de 20 ans. Ce sont les personnes âgées entre 40 et 79 ans qui demandent majoritairement l'euthanasie et la progression la plus forte se rencontre cependant chez les plus de 79 ans, qui représentent un tiers des déclarations.
Une disproportion est également notée par la commission, en ce qui a trait à la langue utilisée dans les déclarations. 80 % d'entre elles sont rédigés en néerlandais, contre 20 % en français. Bien que la commission avance qu’il n’y a pas d’explication (!), on peut peut-être évoquer la proximité culturelle entre Wallon et Français.
Enfin, soulignons que très peu de déclarations anticipées, seulement 2 %, sont parvenues sur deux ans à la commission.
Un rapport en trompe l’œil ?
Ce rapport reflète-t-il vraiment l’importance du phénomène en Belgique ?
Cet aréopage n’a évidemment pas la possibilité de connaître le nombre d’euthanasies « clandestines », ni si celles-ci respectent les conditions posées par la loi. Notons également que l’utilisation, en palliatif, de substances diverses non létales (en particulier les morphiniques), n’est pas considérée comme une euthanasie même si elle peut hâter le décès.
Soulignons qu’au vue des mentions ajoutées par certains médecins, il est souvent fait part d’une mort calme en quelques minutes, d’une atmosphère sereine et des remerciements adressés au praticien, tant par le patient dans ses derniers instants que par les proches.
Un rapport sur l'euthanasie qui pourrait être utile à la réflexion des parlementaires français si un projet de loi leur était présenté…
FH