In Vino Veritas : le vin modifie le HDL-C, seulement chez les sujets sportifs

Les tchèques ont la réputation d’avoir le sens de l’humour. Si cela est vrai pour l’homme de la rue et confirmé dans la littérature, il semble que les scientifiques ne fassent pas exception. Il ne faut pas manquer d’esprit en effet pour donner à une étude médicale l’intitulé de « IVV » trial, autrement dit « In Vino Veritas » trial.

C’est toutefois très sérieusement que le Pr M. Taborsky a présenté les résultats de cette étude lors du congrès de l’ESC. Les auteurs se sont intéressés une nouvelle fois à ce qu’il est désormais convenu d’appeler le « French paradox ». Cette notion est soutenue par de nombreux travaux qui, depuis 1976, suggèrent qu’une consommation légère à modérée de vin est associée à une réduction du risque cardio-vasculaire. Des études rétrospectives ont aussi fait le lien entre la consommation d’alcool et la baisse du taux de HDL-cholestérol (HDL-C), mais jusqu’à présent aucun essai prospectif randomisé n’avait étudié les effets du vin, en distinguant vin rouge et vin blanc, sur le taux de HDL-C et sur les autres marqueurs de l’athérosclérose.

C’est ce que se propose de faire l’étude « In Vino Veritas ». Au total 146 patients à faible risque cardio-vasculaire ont été randomisés. Ils devaient consommer quotidiennement, soit du vin rouge (Pinot noir), soit du vin blanc (Chardonnay-Pinot), pendant 1 an. La quantité était établie en fonction du poids, de 0,2 à 0,3 l par jour pour les femmes, et de 0,3 à 0,4 l pour les hommes, au maximum 5 jours par semaine. Les patients tenaient un journal de bord, sur lequel ils devaient noter toute autre consommation d’alcool, leur activité physique ou encore les changements intervenus dans leur alimentation ou leurs traitements.

Si à 6 mois le taux de HDL-C est significativement augmenté dans le groupe de patients à qui le vin blanc avait été attribué, ce n’est plus le cas à 12 mois, où aucune différence significative n’est constatée, entre les 2 groupes ni avec les valeurs initiales. Le profil lipidique des patients n’est pas significativement modifié, non plus d’ailleurs que les paramètres de la fonction hépatique ou les marqueurs du stress oxydant.

Une surprise attendait toutefois les auteurs. Les résultats obtenus sur le taux de HDL-C sont en effet différents quand l’analyse est réalisée en tenant compte de l’intensité de l’activité physique. Si le taux de HDL-C à 1 an n’est pas amélioré chez les patients pratiquant une activité par semaine, il connaît une augmentation significative chez ceux qui pratiquent au moins 2 activités physiques hebdomadaires (Δ-0,06, p < 0,001), quelque soit le vin consommé.

Devançant peut-être d’éventuelles critiques, le Pr M. Taborsky termine son exposé en rappelant les méfaits d’une consommation excessive d’alcool, qui tue chaque année 3,3 millions de personnes dans le monde.

Dr Roseline Péluchon

Référence
Taborsky M et coll. : In Vino Veritas (IVV) Srudy : Randomized trial comparing long-term effects of red and white wines on markers of atherosclerosis and oxidative stress. ESC (European Society of Cardiology) congress 2014 (Barcelone) : 30 août-3 septembre 2014.

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