
En tant que composant des lipides cérébraux et impliqués dans les processus inflammatoire et oxydatifs, les acides gras polyinsaturés (AGPI) à longue chaîne suscitent un certain intérêt dans la sclérose latérale amyotrophique (SLA). Celui-ci s’est traduit par une étude portant sur l’association entre la consommation d’AGPI et le risque de SLA évaluée à partir des données de 1 002 082 sujets inclus dans cinq cohortes prospectives américaines (1). Durant la période de suivi, 995 cas de SLA se sont déclarés.
Après ajustement pour des facteurs potentiellement confondants comme le tabagisme, l’indice de masse corporelle, l’activité physique et le niveau d’éducation, les résultats montrent que les plus grands consommateurs d’oméga-3 ont une réduction nette du risque de SLA (risque relatif RR 0,66). Cet effet est attribué à la fois à la consommation d’acide linolénique et d’oméga-3 d’origine marine avec un RR de SLA de, respectivement, 0,73 (intervalle de confiance 95 % IC95 0,59-0,89 ; p = 0,003) et 0,84 (IC95 0,65-1,08 ; p = 0,03 pour la tendance). En revanche, il n’existe pas d’association avec la consommation d’oméga-6.
Le signataire d’un éditorial associé souligne que ces résultats sont convaincants et confortent ceux d’études précédentes (2). Cependant, on est loin de pouvoir conclure à l’intérêt d’une supplémentation en AGPI. En effet, dans un modèle murin de SLA, le prétraitement avec de fortes doses d’un oméga-3, l’acide eïcosapentaénoïque, a accéléré la progression de la maladie. Les recherches concernant les AGPI sont compliquées par l’existence de données suggérant un effet protecteur des graisses corporelles. On s’interroge d’ailleurs actuellement sur la plus grande susceptibilité apparente des sujets minces à la SLA. Pour l’heure, note l’éditorialiste, en plus des facteurs génétiques, les chercheurs planchent sur cinq autres facteurs de risque à savoir ceux cités dans l’étude ainsi que le sexe masculin et la consommation d’AGPI.
Dr Catherine Faber