
L’homosexualité est de mieux en mieux tolérée dans la société contemporaine au point que dans certains pays, il est possible pour des couples de même sexe de concevoir des enfants. Ce phénomène dont la visibilité augmente, contribue à redéfinir la notion de parentalité.
Au Royaume-Uni, les nouvelles législations telles que le Civil Partnership Act (2004), l’Equality Act et plus récemment le Same Sex Couples Marriage Act (2013), ainsi que les avancées en matière de médecine procréative ont engendré une augmentation du nombre de couples de même sexe devenant parents : alors qu’en 2009, 24 naissances étaient recensées, il y en avait 608 en 2011. Sages-femmes et autres professionnels de santé sont donc amenés à rencontrer plus fréquemment ces couples auxquels ils doivent apporter leurs soins sans discrimination.
Au travers d’une revue de la littérature, une sage-femme britannique s’est proposé d’étudier la perception des couples homosexuels au sujet des soins qu’ils ont pu recevoir. Treize articles publiés depuis 2004 ont été inclus, aucun ne porte sur des couples d’hommes.
L’attitude des professionnels de santé s’est globalement améliorée, avec moins de comportements ouvertement homophobes. Un professionnel détendu, s’intéressant à une situation particulière et apportant des réponses sensibles constituent une attitude positive aux yeux des parents. Il faut néanmoins savoir éviter un interrogatoire trop poussé qui peut mener la femme soit à se poser des questions sur la légitimé de son couple soit à penser que les rôles sont inversés et que c’est elle qui doit apporter son savoir au soignant.
Les sages-femmes peuvent facilement se sentir maladroites en début de rencontre avec la crainte d’être involontairement désobligeantes mais ce sentiment disparaît le plus souvent rapidement. L’absence de contact visuel, base de la communication, est souvent mal vécue, de même que certaines questions peuvent paraître déplacées.
Les femmes considèrent que la reconnaissance du co-parent est essentielle à l’affirmation de leur identité parentale. Les couples homosexuels continuent à faire face à des stéréotypes tels que : l’enfant d’un tel couple sera lui-même homosexuel, ou sera maltraité à l’école. Le rôle de la sage-femme est de ne pas renforcer ces stéréotypes mais de conforter ces couples dans leur construction d’une cellule familiale singulière. Le co-parent apprécie de pouvoir faire des « gestes de pères » tel que couper le cordon et se sent ainsi conforté dans son rôle de co-parent. Il est recommandé de demander au couple comment il souhaite que leur enfant appelle les deux mères.
Si les soignants déclarent s’occuper des couples de même sexe de façon similaire aux autres couples, ce n’est pas forcément ce que le co-parent en attend, ses capacités à former un lien avec le nouveau-né étant différentes de celui d’un père biologique.
Ces couples souffrent également de l’ « hétéronormativité » de la société. Dans le domaine des soins périnatals, elle est de mise et les femmes souhaiteraient plus de neutralité dans les termes employés, tel que l’usage du mot partenaire par exemple ; les sages-femmes se doivent de sortir de leurs automatisme pour aller vers plus de créativité. De même, les différents supports institutionnels, qu’ils soient à destination des patients ou des soignants, n’intègrent pas la notion d’homosexualité dans leurs libellés, rendant difficile la révélation de l’homosexualité.
En résumé, ces couples souhaitent être traités « comme tout le monde », tout en bénéficiant d’attentions particulières du fait de leur situation…particulière. Une meilleure formation des soignants portant sur les besoins spécifiques de ces couples est donc nécessaire.
Marie Gélébart