
Les voies aériennes dans leur plus grande partie sont tapissées
d’un épithélium cilié recouvert de mucus. En effet, les cellules
qui le composent se retrouvent à tous les étages compris entre les
fosses nasales et les bronchioles. Cet épithélium assure une
protection antimicrobienne, tout en humidifiant l’air inspiré et en
favorisant la fonction ciliaire qui joue un rôle important dans la
ventilation. Un dysfonctionnement mucociliaire peut être observé à
tous les niveaux, y compris les fosses nasales.
Le syndrome d’apnées obstructives du sommeil (SAOS) peut avoir un
retentissement sur l’ensemble de l’arbre respiratoire et même
interférer avec la fonction mucociliaire nasale, si l’on en croit
les résultats d’une étude transversale. L’objectif de celle-ci
était de rechercher une corrélation entre la sévérité du SAOS et le
dysfonctionnement mucociliaire nasal évalué au moyen du test à la
saccharine, tout en prenant en compte les effets d’un éventuel
tabagisme chronique.
L’étude a inclus au total 49 sujets sains et 122 patients atteints du dit syndrome, répartis en 3 groupes selon sa sévérité appréciée au moyen de l’index d’apnées et d’hypopnées (IAH) : (1) léger (5-15/h) ; (2) modéré (15-30/h) ; (3) sévère (>30/h). Dans chacun des trois groupes, 2 sous-groupes ont été, par ailleurs, constitués, selon l’existence ou non d’un tabagisme chronique. Le traitement des données a été effectué par analyse univariée.
Les formes légères ou modérées du SAOS n’ont été associées à aucun dysfonctionnement mucociliaire nasal, les résultats obtenus au test à la saccharine ne différant pas de ceux du groupe témoin. Certes la clairance mucociliaire était un peu plus faible dans le SAOS modéré, mais ceci n’était pas significatif (p = 0,453). En revanche, pour les formes sévères du SAOS le seuil de signification statistique était largement atteint (test de Kruskal-Wallis; p = 0,0032). La comparaison entre fumeurs et non-fumeurs a montré que le tabagisme chronique était associé à un dysfonctionnement mucociliaire nasal au sein de tous les groupes précédemment définis (test de Kruskall-Wallis ; p=0,001).
Cette étude transversale suggère que les formes sévères du SAOS
peuvent s’accompagner d’altérations significatives de la fonction
mucociliaire. La lutte contre le tabagisme chez ces patients trouve
ici un argument supplémentaire et toutes les mesures pour améliorer
la fonction mucociliaire nasale sont à l’évidence les bienvenues,
dès lors que l’objectif est d’optimiser la ventilation et in fine
les échanges alvéolocapillaires.
Dr Ph.T