Association méthotrexate-anti-TNF dans le rhumatisme psoriasique : les résultats de l’étude NOR-DMARD

On sait que, dans la polyarthrite rhumatoïde (PR), l’adjonction de méthotrexate à un anti-TNF (tumor necrosis factor) alpha accroît l’efficacité thérapeutique. Dans la spondylarthrite ankylosante (SPA), le méthotrexate ne semble pas apporter de bénéfice supplémentaire, mais il réduirait la formation d’anticorps anti-infliximab, ces derniers étant associés à une moins bonne réponse clinique et à plus d’arrêts thérapeutiques. En revanche, les données sont moins nettes concernant le rhumatisme psoriasique qui constitue une affection plus hétérogène, pouvant combiner des manifestations axiales, comme dans la SPA, et périphériques, comme dans la PR.
 
K. M. Fagerli et coll. ont utilisé les données d’une étude d’observation norvégienne, la NOR-DMARD study, incluant, depuis 2000, des patients recevant un nouveau traitement de fond antirhumatismal. Les évaluations ont lieu à 3, 6 et 12 mois, puis une fois par an. Ils ont ainsi pu étudier l’évolution des 440 patients souffrant de rhumatisme psoriasique parmi lesquels 170 recevaient un anti-TNF en monothérapie et 270 une association anti-TNF-méthotrexate. Une seconde analyse a porté sur les 330 malades qui avaient à l’entrée au moins une articulation tuméfiée, c’est-à-dire une atteinte périphérique, chez lesquels d’autres mesures, notamment celles utilisées dans la PR comme le DAS28, ont été utilisées. Les caractéristiques initiales des patients étaient similaires dans les deux bras, excepté le nombre d’articulations gonflées qui était plus élevé dans le groupe recevant la combinaison thérapeutique. Il y avait autant de malades sous anti-inflammatoires non stéroïdiens et sous corticoïdes dans les deux groupes.

Globalement, les réponses thérapeutiques ont été du même ordre quel que soit le traitement, et ce, dans les deux analyses. Les auteurs notent toutefois que dans la seconde, menée chez les patients ayant une arthrite périphérique, les sujets qui étaient sous monothérapie avaient reçu antérieurement davantage de traitement de fond et avaient une maladie d’allure plus sévère, ce qui pourrait refléter une intolérance et/ou une résistance thérapeutique plus élevées, ou bien un effet partiel du méthotrexate dans l’autre groupe. Par ailleurs, et surtout, le temps pendant lequel les patients sont restés sous traitement était supérieur en cas de bithérapie, le résultat étant significatif à 1 et 2 ans (p = 0,001 et p = 0,02) avec une tendance à la supériorité à 3 ans (p = 0,07). De plus, la différence variait en fonction de l’anti-TNF utilisé. Ainsi, la durée de traitement sous monothérapie versus bithérapie variait de façon statistiquement significative avec l’infliximab, et il existait une tendance similaire, mais non significative, avec l’adalimumab, autre anticorps monoclonal. En revanche, il n’y avait pas de différence avec l’étanercept, protéine de fusion dirigée contre le TNF.
 
Parallèlement, les arrêts thérapeutiques ont été plus fréquents en cas de monothérapie (54,1 % versus 45,9 %). Les motifs étaient, dans 20 % des cas (versus 13,7 %), un manque ou une perte d’efficacité et, dans  21,2 % des cas (versus 14,3 %), la survenue d’effets secondaires. Les patients sous infliximab en monothérapie avaient, de façon nette, un taux plus élevé d’interruption en rapport avec des effets secondaires. A 3 ans, les facteurs prédictifs d’arrêt thérapeutique étaient l’absence d’ajout de méthotrexate au traitement par anti-TNF (p = 0,04) et le tabagisme actif (p = 0,02).

Dans le rhumatisme psoriasique, il ne semble donc pas y avoir d’effet synergique du méthotrexate et des anti-TNF comme c’est le cas dans la polyarthrite rhumatoïde. Cependant, les patients restent plus souvent sous traitement en cas d’association thérapeutique, ce qui pourrait s’expliquer par l’action préventive du méthotrexate sur la formation d’anticorps anti-TNF. A cet égard, il y avait davantage d’effets secondaires à l’origine d’un arrêt des médicaments dans le groupe des patients recevant l’infliximab seul. Il faut toutefois noter que cette étude ne comportait pas de dosages sériques des molécules, ni des anticorps antimédicaments, ce qui aurait permis de conforter cette thèse avancée par K.M. Fagerli et coll. Malgré l’absence d’effet supplémentaire de l’adjonction de méthotrexate, l’équipe norvégienne conclut que la comédication MTX-anti-TNF « a un rôle dans la prise en charge du rhumatisme psoriasique, et qu’il pourrait être plus important chez les patients recevant des anticorps monoclonaux ».

Dr Patricia Thelliez

Référence
Fagerli KM et coll.: The role of methotrexate co-medication in TNF-inhibitor treatment in patients with psoriatic arthritis: results from 440 patients included in the NOR-DMARD study. Ann Rheum Dis 2014 ; 73 : 132-37.

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