
Théologie ou anomalie
Marco Bussagli, un historien d'art italien s'est, lui, attaqué à
Michel Ange. En observant pour la nième fois les œuvres du maître
florentin, il a constaté sur plusieurs visages peints, une
caractéristique anatomique relativement rare, la présence d'une
mésiodens. Il s'agit en l'espèce d'une incisive supérieure
surnuméraire en situation médiane.
Allant plus loin Bussagli a réexaminé le visage du Christ sur la
célébrissime Pietà exposée dans la basilique Saint Pierre et il a
décelé entre ses lèvres (en zoomant sur une photographie prise au
dessus de la statue) une autre mésiodens.
Pour expliquer cette 33ème dent du Christ, dans un livre sur
"Les dents de Michel Ange" Marco Bussagli examine diverses
hypothèses. Il écarte d'emblée une erreur de Michel Ange, dont la
rigueur anatomique était légendaire. Il repousse rapidement une
assimilation entre le Christ et le mal (cette hyperdontie ayant
longtemps était considérée comme un signe maléfique), le Maître
étant renommé pour sa foi ardente. Et il retient une explication
théologique complexe, aussi mystérieuse que la Trinité, la
mésiodens étant, selon lui, en substance, le symbole de notre
incapacité à comprendre la Rédemption.
Plus prosaïquement n'est-il pas envisageable de penser, si l'on
admet la présence de cette 33ème dent dans la bouche du Christ de
la Piéta (que le profane ne peut plus apercevoir de près la statue
étant protégée par une vitre blindée depuis un attentat commis en
1972 !), que le modèle utilisé par Michel Ange, pour la Pietà et
pour certaines peintures, avait bien une mésiodens comme 0,15 à 1,9
% de la population selon les séries... et ce avant une intervention
d'orthodontie peu pratiquée à la renaissance.
NB: Le syndrome de Christ-Siemens-Touraine ou Dysplasie ectodermique hypohidrotique liée à l'X qui associe une anomalie de la chevelure, une oligodontie et une hypohydrose, n'a pour seul rapport avec la mésiodens du Christ de Michel Ange qu'une très curieuse homonymie !
Dr Céline Dupin