
L’obésité touche un demi-milliard d’individus dont elle affecte la durée et la qualité de vie. Le traitement le plus efficace en est actuellement la chirurgie bariatrique, avec 2 interventions principales que sont le court-circuit gastrique (CCG) et le cerclage gastrique (CG), le second n’agissant que par restriction des apports alors que le premier crée aussi une malabsorption. Dans les 2 cas, la restriction calorique entraîne une balance énergétique négative avec amaigrissement, diminution de la masse graisseuse, de la production du glycogène hépatique et des modifications hormonales gastro-intestinales (ghréline, leptine) et pancréatiques (insuline, glucagon). On a aussi suggéré que le CCG augmenterait les dépenses énergétiques au repos en fonction du poids (DERFP) après qu’un amaigrissement conséquent a été obtenu, contrairement au régime seul, ce qui serait peut-être une des limites de ce dernier. Ce travail a cherché à identifier les modifications des DERFP après chirurgie et leurs relations avec la perte de poids obtenue.
Trente obèses ont été répartis en 3 groupes : 12 devant avoir un CCG suivi d’une restriction calorique (RC), 8 devant bénéficier d’un CG suivi de RC et 10 soumis à des RC pures. Il y a eu 3 consultations : C1 au départ, C2 après 14 j de RC identique pour les 3 groupes, C3 six mois après chirurgie pour les opérés. Ce sont les patients qui ont choisi leur technique opératoire (CCG ou CG). Lors de C1, ont été mesurées par absorptiométrie aux rayons X la masse graisseuse totale et la masse maigre, puis les DERFP par calorimétrie en kcal/kg/j.
Les interventions ont été pratiquées aussitôt après la C2. La RC dans les 3 groupes autorisait 800 kcal/j et des boissons sans carbonates ni calories, sous contrôle d’une diététicienne.
Lors des 2 premières consultations, les données (indice de masse corporelle, DERPF, poids de la masse maigre) étaient similaires dans les 3 groupes. En revanche, à 6 mois (C3), les opérés par CCG avaient perdu 48 % de leur surpoids vs 20 % après CG, portant surtout sur leur masse grasse, et préservant davantage leur masse maigre. Quant aux DERFP, elles ont progressé de 2,8 % entre C1 et C3 après CCG vs 0,2 % après CG. Il existe une nette corrélation entre la perte de surpoids et les DERPF.
Il est donc probable que l’augmentation de la déperdition énergétique ajustée en fonction du poids joue un rôle dans l’amaigrissement obtenu par le court-circuit gastrique.
Dr Jean-Fred Warlin