Si aujourd'hui les professionnels de la santé et le grand public n'ignorent plus ce risque d'ostéoporose chez la femme - et que de réels progrès en termes de diminution du nombre de fractures et en terme de qualités de vie ont été obtenus - c'est aujourd'hui l'ostéoporose chez l'homme qui attire l'attention, et, ce avec une espérance de vie qui a entretemps largement progressé et une population vieillissante. « Il est temps de faire de l'ostéoporose chez l'homme une maladie du passé » selon le professeur Jean-Yves Reginster…
Premier constat, « la maladie chez l'homme est extrêmement semblable à son équivalent chez la femme », selon le professeur Jean-Marc Kaufman (Professeur de médecine à l'Hôpital Universitaire de Gand), qui a consacré plus de 20 ans à l'étude de l'ostéoporose chez l'homme.
L'ostéoporose se traduit par une fragilisation générale du squelette liée par une perte osseuse, elle-même induite par des conditions spécifiques. Chez la femme, la ménopause, et le déficit en œstrogènes qu'elle engendre, est le principal facteur déclenchant. Chez l'homme, un déficit en testostérone mais aussi un déficit en œstradiol contribuent à une fragilisation des os. Autres similitudes, les facteurs indiquant un risque supplémentaire d'ostéoporose, voire une ostéoporose induite, sont les mêmes chez l'homme et la femme (ostéoporose induite par les corticostéroïdes, hypogonadisme, consommation d'alcool ou de tabac …).
Enfin, pour tous les traitements de l'ostéoporose qui ont été étudiés, la réponse des patients est « remarquablement similaire » chez l'homme et la femme.
Différence : l'ostéoporose survient plus tard chez l'homme parce que celui-ci a développé une masse osseuse plus importante et dispose donc à ses 45 ans (âge du pic de masse osseuse) d'un capital osseux plus important.
Autre différence encore, en matière d' « outcomes » cette-fois-ci : « Il y a deux fois moins de fractures ostéoporotiques chez l'homme que chez la femme, mais chez l'homme, les conséquences sont bien plus graves… ». En Belgique, 120.000 hommes âgés de 50 ans et plus sont atteints d'ostéoporose et, dans ce groupe d'âge, on compte 27.500 fractures par an. Avec le vieillissement de la population, on estime que ce nombre va augmenter de 32% chez l'homme et de 20% chez la femme entre 2010 et 2025. Et comme les factures surviennent plus tard chez l'homme, et que leurs conséquences sont plus lourdes, l'impact sur les coûts des soins de santé sera plus élevé encore.
Pierre de Nayer