
Vannes, le samedi 29 novembre 2014 - Si des recherches antérieures avaient déjà étudié l’effet des tenues vestimentaires féminines sur l’attitude de leurs interlocuteurs, aucune de celles-ci n’avaient jusqu’ici examiné en détail l’importance de la chaussure. Nicolas Guéguen, professeur en sciences du comportement à l'Université de Vannes, remédie à cette lacune en publiant ses travaux dans les Archives of Sexual Behavior. Y sont présentés les résultats de quatre expériences visant à mesurer et à analyser les variations du comportement humain (principalement masculin) à l'aune de la taille des talons de jeunes femmes portant, alternativement, des chaussures « basses », « moyennes » (talon de 5 cm), et « hautes » (talon de 9 cm).
Une attirance empirique
Lors de la première expérience, une jeune expérimentatrice proposait à des hommes seuls âgés de 25 à 50 ans et choisis au hasard dans la rue, de se soumettre à un questionnaire sur l'égalité des sexes. Quarante-six pour cent des hommes ont pris le temps de répondre aux femmes à chaussures basses, 63,3 % aux porteuses de talons moyens, et 83,3% lorsque la demoiselle était juchée sur des talons hauts !
La seconde expérience amenait les assistantes à jouer le rôle d’enquêtrice sur les habitudes de consommation, cette fois-ci auprès de toute personne rencontrée dans la rue, toujours dans la même tranche d’âge. Les femmes ont accepté de manière assez égale quelle que soit la hauteur du talon de l’interlocutrice (31,7 %, 36,7 % et 30 %), tandis que les hommes ont répondu à 41,7 % dans le cas des bas talons, 60 % pour les talons moyens et 81,7 % pour les talons hauts.
Dans la troisième expérience, après avoir préalablement repéré un sujet (homme ou femme), l'assistante faisait mine de perdre un gant dans la rue dans une mise en scène sûrement très romantique. Là encore, alors que ces dames demeuraient égales à elles-mêmes dans tous les cas de figure (43,3 %, 50 % et 51,6 %), 61,7 % des hommes récupéraient le gant d’une femme à talon plat, 78,3 % d’une femme aux chaussures moyennes et 93,3 % d’une élégante à hauts talons.
La quatrième expérience se tenait dans les bars de Vannes où une assistante, attablée seule, prenait soin d’exhiber ses talons, tandis qu’était comptabilisées les tentatives d’approche (prenant seulement en compte les cas où la discussion était engagée) et qu’était chronométrée l’attente avant d’être courtisée. Cette dernière diffère selon les bars et les jours, mais le temps le plus court est indiscutablement obtenu en cas de « talons hauts » : 7 minutes 49 contre 13 minutes et 54 secondes pour les talons plats et 11 minutes 46 pour les talons moyens.
Plusieurs processus
Pour le professeur Guéguen « l'explication théorique est
multifactorielle et implique plusieurs processus » mais
certains noteront que l’argumentaire psychanalytique*, qui aurait
peut-être prévalu jadis, n’est pas étayé.
Si l’on aurait pu en premier lieu penser, que cette attirance
masculine provient de ce que les talons hauts font paraître les
femmes plus grandes, l’auteur fait remarquer que d'autres
publications tendent à prouver que, contrairement à une idée reçue,
les hommes préfèrent les femmes petites, ou que la taille n'a pas
d'importance pour eux...
D’autres travaux ont également démontré que les hommes ont une
prédilection pour les femmes aux petits pieds ; chaussé de talons
hauts, le pied paraît peut-être plus petit, ce qui le rend plus
attirant.
Les médias, mettant en avant un lien entre talons hauts et femmes
sexy, joueraient aussi un rôle dans ce fantasme masculin.
Plus globalement, c’est l'allure générale qui changerait en fonction de la hauteur des talons, influençant ainsi le pouvoir d'attraction envers les hommes, mais n’était-ce pas le but recherché ?
*Qui pourrait voir dans l’attirance des hommes pour les talons hauts, un rapport névrotique aux symboles phalliques…
Frédéric Haroche