
Austin, le samedi 13 décembre 2014 – Dans les années 80, les doyens de l’Université du Texas à Austin se félicitaient d’avoir réussi à obtenir de l’Austin State Hospital, un établissement psychiatrique, la cession d’une importante collection de 100 encéphales humains. Ces cerveaux étaient soigneusement conservés dans du formol, chacun dans un bocal de verre, et correctement étiquetés avec des renseignements précis sur l’identité de la personne dont le cerveau était ainsi exposé. L’un d’entre eux était notamment celui de Charles Whitman qui s’était rendu tristement célèbre en 1966 pour avoir tiré sur ses camarades étudiants sur le campus d’Austin, tuant seize d’entre eux (une "anecdote" sordide qui confirme que les tueries de masse dans les établissements scolaires aux Etats-Unis ne sont pas une nouveauté). Pour l’Université, outre peut-être, la satisfaction morbide de pouvoir détenir le cerveau de celui qui l’avait tant meurtri, cette collection était un atout important : elle offrait une source unique d’observation pour les étudiants.
Jetés par inadvertance
Pourtant, trente ans plus tard, impossible de retrouver les cent cerveaux. Les bocaux et leurs encéphales paraissent s’être volatilisés. L’affaire a fait grand bruit au Texas où certains journalistes se sont passionnés pour l’affaire, notamment Alex Hannaford qui lui a consacré un livre intitulé : « Les cerveaux oubliés de l’hôpital psychiatrique du Texas ». Coup de théâtre il y a quelques jours, l’Université a affirmé avoir retrouvé la trace des encéphales perdus et a avoué qu’ils avaient été tout simplement détruits en 2002, dans le cadre d’une vaste opération d’élimination de certains déchets particuliers… apparemment un peu trop drastique ! Cette explication ne convainc pas Alex Hannaford, notamment parce que les responsables de l’université ont indiqué avoir pu retrouver la trace de quarante à soixante bocaux qui auraient contenu tous les cerveaux. Le journaliste ne comprend pas dans quelles circonstances, les cerveaux ont pu être conservés dans une quarantaine de bocaux au lieu des cent initiaux. Il attend le résultat d’investigations complémentaires, destinées à déterminer si les encéphales n’ont pas pu se retrouver dans d’autres institutions.
Cerveaux vendus sur E-bay
Certains redoutent que les cerveaux aient pu également être volés. L’année dernière en effet à Indianapolis, David Charles âgé de 21 ans, avait entrepris de vendre sur Ebay soixante cerveaux humains qui se sont révélés avoir été dérobés au muséum d’histoire de la médecine de la ville. En tout état de cause, les disparitions de collection de cerveaux, telle celle du Texas, ne sont pas inédites : à Philadelphie, 600 cerveaux se sont également totalement évaporés, rapporte Brian Burell de l’Université du Massachussetts, cité par le New York Times.
Aurélie Haroche