Docteur, j’ai regardé sur internet…

Qu’ils le signalent ou non, les patients sont de plus en plus nombreux à consulter internet avant  leur médecin…ou après. C’est encore plus vrai en dermatologie où il paraît aisé de confronter l’aspect des lésions, habituellement visibles, et les images sur la toile. Mais internet est-il un bon outil diagnostique ?
Entre Novembre 2013 et mai 2014, L Bekel et coll. se sont livrés à une petite enquête au CHU d’Amiens auprès des patients se présentant pour la première fois en dermatologie. Il leur a été demandé par un autoquestionnaire anonyme s’ils avaient ou non consulté internet avant leur rendez-vous et ce dont ils pensaient souffrir. Sur les 597 sujets inclus, 243 étaient en effet « allés sur internet » et les 354 autres non.

En mettant en parallèle le diagnostic final, établi par le dermatologue, et l’autodiagnostic du patient, il apparaît clairement que la concordance est meilleure pour les sujets ayant consulté internet (OR = 1,67 ; intervalle de confiance 1,20 à 2,33 ; p < 0,01) et ce d’autant plus qu’ils ont regardé des images de lésions. En revanche, le fait d’avoir été adressé par un médecin n’influe par sur la pertinence de l’autodiagnostic…Plus la pathologie était sévère, plus les recherches sur internet étaient intenses. L’autodiagnostic était d’autant plus performant qu’il s’agissait de pathologies vasculaires ou de toxidermies.

Ces observations montrent qu’internet est devenu incontournable dans l’aide au diagnostic, celui fait par les patients et aussi dans doute par les médecins…

Outre les patients qui se renseignent sur internet, il y a aussi ceux (et ce sont parfois les mêmes) qui soumettent à leur praticien des photos de leur dermatose prises sur leur smartphone. Encore une fois, ce type d’ajout à « l’anamnèse » est-il utile ? Une étude a inclus tous les patients s’étant présentés avec des photos de leurs lésions entre le 14 mars et le 31 mai 2014 dans 21 centres hospitaliers. Parmi les 162 sujets inclus, 51,9 % avaient moins de six ans et 79,6 % moins de 21 ans. La qualité des photos était correcte dans près de 90 % des cas et pour quelque 30 % des patients, les lésions avaient disparu au moment de la consultation (en médiane 20 jours après la prise des clichés) tandis que 87 % des manifestations s’étaient modifiées. Au total, les médecins ont considéré que les photos leur avaient donné une information utile dans les trois quarts des cas et leur avaient permis d’affirmer ou de modifier leur diagnostic pour 25 % des patients. La prise en charge en été influencée dans près d’un quart des cas.
Ainsi, les photos sur smartphone fournissent-elles une aide précieuse au diagnostic. Où les « nouvelles technologies » ont définitivement changé la pratique médicale du moins en ce qui concerne la relation médecin malade…

Dr Marie-Line Barbet

Référence
Bekel L et coll. : Auto-diagnostic dermatologique des patients internautes : étude descriptive de 597 patients.

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