Et les aveugles verront…

Kathy Beitz découvrant son enfant

Ottawa, le samedi 31 janvier 2015 – En se fondant sur des travaux menés depuis vingt ans, plusieurs firmes spécialisées dans l’optique concourent ces dernières années à la mise au point de lunettes « à réalité augmentée ». Il s’agit de dispositifs destinés aux personnes présentant une très importante altération de la vision, mais non une cécité complète. Le système fonctionne grâce à de minuscules caméras qui projettent les images filmées dans l’environnement direct du sujet, très largement agrandies, sur des écrans LED situés en face de chaque œil. « L’utilisateur peut régler la résolution, la luminosité, le contraste et le grossissement de l’image en fonction de ses besoins, grâce à une télécommande » avait expliqué il y a un an, un responsable de la société canadienne  eSight au journal La Recherche. Les technologies modernes de traitement de l’image ont permis de considérablement améliorer ce système. Elles permettent notamment à l’utilisateur de recevoir les informations plus rapidement, mais il faudra encore perfectionner les algorithmes pour espérer une réception en temps réel. 

Dans les yeux d’une mère

Les systèmes actuels sont cependant déjà testés par une poignée de patients à travers le monde, qui se félicitent largement d’avoir pu en bénéficier. La toile, par ailleurs, ne se lasse pas de rapporter les expériences émouvantes de ces sujets jusqu’alors quasiment totalement enfermés dans le noir. Le témoignage le plus poignant a été livré cette semaine à travers la vidéo d’une jeune mère canadienne, venant d’accoucher de son premier enfant. Atteinte d’une maladie de Stargardt, Kathy Beitz n’avait aucun espoir de pouvoir découvrir le visage de son nouveau-né. Cependant, grâce à l’utilisation des lunettes eSight deux heures après son accouchement, elle a pu discerner avec précision les traits de son enfant, compter comme chaque mère les doigts de ses pieds et de ses mains et apprécier ses moues de nouveau-né.

Plusieurs défis restent à surmonter

Le pionnier canadien eSight qui commercialise ces lunettes depuis peu est concurrencé en France par Essilor, dont les lunettes à réalité augmentée sont testées depuis un peu plus d’un an. Toutes les sociétés qui travaillent à l’élaboration de ce type de dispositif se heurtent cependant au même défi : en abaisser le coût, afin qu’elles soient accessibles au plus grand nombre. Aujourd’hui, en effet, il faut débourser 15 000 dollars pour pouvoir jouir des lunettes eSight. Pour pallier cet obstacle, des associations récoltent des fonds pour pouvoir offrir ces dispositifs aux patients. Une initiative qui fait écho aux démarches réalisées il y a quelques années par plusieurs organisations dédiées à la maladie de Charcot, afin de permettre à un nombre important de malades de pouvoir être dotés de machines leur permettant grâce à l’analyse des battements des paupières de communiquer avec leur entourage. Autre challenge pour les concepteurs des lunettes à réalité augmentée : élargir le champ de vision et renforcer encore la rapidité du traitement de l’image et l’autonomie des dispositifs, afin qu’ils puissent être utilisés plus largement dans la vie quotidienne.

Aurélie Haroche

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