Nous avons de plus en plus de preuves que la suppression durable de la réplication virale par les antiviraux d’action directe AAD améliore l’évolution à long terme de l’hépatite B, réduisant le risque de progression de la maladie vers la cirrhose, le risque de complications comme l’insuffisance hépatique, le carcinome hépatocellulaire ainsi que la mortalité. Dans une étude récente, l’analyse histologique a montré que la cirrhose pouvait régresser grâce au traitement AAD.
Par ailleurs, le taux sérique d’Ag HBs est un nouvel outil pour évaluer l’efficacité thérapeutique des antiviraux tels que l’interféron pégylé et les analogues de nucléotides (AN). Rappelons que l’Ag HBs est l’antigène de surface du virus de l'hépatite B (VHB). Un taux sérique d’Ag HBs détectable est un marqueur de l’activité transcriptionnelle du cccDNA dans les hépatocytes. Ce marqueur est important pour évaluer la sévérité de la maladie, et pour distinguer les patients porteurs inactifs du virus et ceux ayant une hépatite B chronique active Ag HBe-négative. Il est prometteur aussi pour personnaliser le traitement, vérifier son efficacité ou l’interrompre quand la guérison virale est obtenue, la diminution du taux d’Ag HBs étant corrélée à la réponse virale.
Il reste à préciser la cinétique de réduction du taux d’HBsAg permettant de prévoir une réponse virale soutenue (RVS) et la séroconversion HBsAg, but ultime du traitement antiviral. Il faudrait ainsi doser le taux d’HBsAg :
- à l’état basal, à 12 et 24 semaines chez les patients
traités par l’interféron pégylé, afin d’identifier ceux ayant une
probabilité élevée de non réponse et nécessitant un changement de
traitement ;
- à l’état basal et à 24 semaines chez les patients traités
par AN, d’une part pour déceler ceux à forte probabilité de succès
thérapeutique (perte d’Ag HBe et d’Ag HBs), et ceux chez qui on
pourrait écourter le traitement sans risque de rechute.
Prochainement, des algorythmes basés sur le taux d’Ag HBs et la charge virale (nombre de copies d’ADN du VHB) compléteront les recommandations des sociétés savantes européennes (EASL), américaines (AASLD) et asiatiques (APASL) pour ajuster les traitements antiviraux, quelque soit le statut HBe. Enfin, des seuils d’Ag HBs, probablement spécifiques de chaque génotype viral, permettront de savoir quand arrêter un traitement par AN sans risque de récidive.
Véronique Canac