
Chez les sujets obèses, la chirurgie bariatrique, en particulier la dérivation gastrique avec anse en Y de Roux (RYGB), permet de traiter l’obésité, mais aussi le diabète. Alors que la perte de poids survient des semaines et des mois après l’intervention, l’amélioration du contrôle glycémique se produit beaucoup plus rapidement et indépendamment de l’amaigrissement. L’augmentation de la sensibilité à l’insuline est le phénomène le plus précoce suivie d’une sécrétion insulinique. Plus précisément, il semble y avoir deux mécanismes impliqués dans l’amélioration rapide du contrôle glucidique : un accroissement de la sensibilité à l’insuline hépatique avec une amélioration de la fonction cellulaire bêta du pancréas et une sécrétion accrue de GLP-1 (glucagon-like peptide-1) en relation avec une exposition plus rapide du jéjunum aux aliments. Les changements métaboliques qui s’opèrent au niveau intestinal demeurent cependant mal connus.
Une équipe finlandaise a déjà validé la tomographie par émission de positons (TEP) marquée au fluorodésoxyglucose 18 (18FDG) pour quantifier la capture intestinale du glucose, montrant que le FDG s’accumule dans la couche muqueuse intestinale. Grâce à cette méthode, elle a pu montrer que, chez les personnes obèses, il existe une résistance à l’insuline de la muqueuse intestinale. J Mäkinen et coll. rapportent cette fois des résultats obtenus après chirurgie bariatrique.
Vingt et un patients obèses et 10 sujets témoins ont eu un examen par PET-18FGD à jeun et en état d’hyperinsulinémie. Une deuxième mesure a été effectuée 6 mois après la chirurgie bariatrique des patients obèses. Contrairement aux sujets sains, l’insuline n’avait aucun effet sur la capture du glucose chez les patients obèses, et ce qu’ils aient ou non un diabète, ce qui suggère que la résistance à l’insuline de l’intestin est présente très tôt au cours de l’obésité. Après intervention, cette résistance à l’insuline s’améliore de façon modeste (dans le jéjunum mais pas dans le duodénum). La muqueuse intestinale pourrait ainsi refléter le statut glycémique global et médier la résistance à l’insuline associée à l’obésité.
Dr Patricia Thelliez