La fréquence des démences post AVC est de 6 % à plus de 30 % selon les critères diagnostiques utilisés, l’existence éventuelle d’une démence avant l’AVC, le caractère princeps ou récurrent de l’AVC, et le type d’étude (1). Les facteurs de risque de démence post AVC incluent des caractéristiques de l’AVC (situation, gros volume, AVC hémorragique, complications à la phase aiguë), la présence de lésions cérébrales silencieuses d’origine vasculaire à l’IRM, et des facteurs de risque de terrain (âge élevé, faible niveau d’éducation, fibrillation atriale [FA], diabète) (1). La fréquence de la démence de novo post-AVC est de 10 % après un premier AVC, et dépasse 30 % en cas de récidive d’AVC. En absence de traitement curatif des démences, toute mesure susceptible de retarder l’apparition ou l’aggravation du déclin cognitif serait déjà un progrès considérable. La prévention secondaire des AVC est ainsi une manière de diminuer le risque de démence post-AVC, et il existe des recommandations en ce sens et des traitements, même si on manque de preuves de leur bénéfice sur la démence à l’exception d’une tendance avec l’abaissement de la pression artérielle.
Les facteurs de risque classiques d’AVC pourraient n’augmenter qu’indirectement le risque de démence lié à un second AVC, d’après les résultats d’une étude de population d’une équipe de la Mayo Clinic, ce qui supposerait des facteurs plus directs sur lesquels agir éventuellement.
Le taux de plaquettes « coated » pourrait être impliqué, selon une étude américaine portant sur la prévention de l’AVC après accident ischémique transitoire (AIT), et des travaux antérieurs. Le taux de plaquettes « coated » mesure un potentiel thrombotique plaquettaire unique, fonction bien distincte de l’agrégation plaquettaire. Ce taux est augmenté en cas d’AVC, lacunaire ou non, et en cas d’AIT. De plus son élévation dans l’AVC lacunaire est également associée à un risque de récidive d’AVC (2). D’autres données suggèrent aussi un lien avec l’hypertension chronique dans l’AIT. Sur 171 patients inclus avec un diagnostic d’AIT, 10 AVC se sont produits dans le mois suivant. L’aire sous la courbe ROC suggère une capacité prédictive des plaquettes « coated » et de leur taux. Si ce dernier est < 51,1 % lors de l’AIT, la valeur prédictive négative est de 98 % pour la survenue d’un AVC dans les 30 jours.
Les taux de plaquettes « coated » pourraient contribuer à
identifier les patients ayant un risque d’AVC accru, les patients
pouvant éventuellement bénéficier de stratégies de prévention
secondaire plus agressives, plusieurs modificateurs des taux de
plaquettes « coated » ayant été identifiés. Des taux accrus de ces
plaquettes ont par ailleurs déjà été associés au déficit cognitif
ainsi qu’à la progression du déficit cognitif en MA.
Dominique Monnier