
Paris, le samedi 28 février 2015 – Les apports de la robotique en chirurgie sont très nombreux et dans certaines disciplines, la précision accrue et la possibilité d’atteindre plus facilement certaines zones sont particulièrement recherchées. C’est notamment le cas en ce qui concerne les interventions réalisées sur les cordes vocales. Les défis de cette chirurgie sont connus : « elle nécessite (…) une précision de l’ordre de 50 à 100 micromètres » rappelle un récent communiqué du CNRS. Si les techniques se sont considérablement améliorées, de nombreux obstacles demeurent. « A l’heure actuelle, la chirurgie utilise un laser dont la source est située à quarante centimètres de la bouche du patient, ce qui limite sa maniabilité et la précision du geste. Par ailleurs, le chirurgien opère à travers un microscope, et le tissu à traiter doit donc être dans le champ de visée, ce qui implique une position très inconfortable pour le patient, source de douleurs cervicales post-opératoires ».
Deux caméras, un laser chirurgical et un robot sur un "simple" endoscope
Il est apparu rapidement que la robotique actuelle et la miniaturisation des technologies pourraient permettre de répondre à ces différents enjeux. Porté par l’Institut italien des technologies, le projet européen microralp (microtechnologies and systems for robot-assisted laser phonosurgery/phonochirurgie laser assistée par microrobotique) a été lancé en 2011 et réunit l’institut FEMTO-ST (Franche-Comté Electronique, Mécanique, Thermique et Optique - Sciences et Technologies), l’université Leibniz d'Hanovre (LUH), le CHU de Besançon, l’Université de Genève et le CNRS. Il a pour objectif la mise au point d’un système de micro-chirurgie augmenté, s’appuyant en temps réel sur les clichés d’imagerie. Il s’agit également de développer un dispositif endoscopique permettant d’aller au plus près de la lésion, afin de permettre l’ablation totale des tumeurs en provoquant le moins de dommage possible aux tissus sains alentours. Aujourd’hui, les chercheurs sont parvenus à mettre au point un « endoscope flexible qui permet de visualiser les cordes vocales et d’amener la source laser à l’intérieur du patient » explique le CNRS. Cet endoscope est équipé « d’éclairages en lumière froide, de deux caméras miniatures pour assurer une vision en 3D, d’un laser chirurgical doublé d’un laser qui fait office de pointeur pour le chirurgien, et enfin d’un micro robot de un centimètre cube qui va, grâce aux images fournies par les caméras, guider ces lasers le long de la trajectoire de référence dessinée par le chirurgien directement dans l’image à l’aide d’une tablette tactile » détaille le centre de recherche français. Ce système devrait permettre d’augmenter considérablement la précision du chirurgien (qui pourrait atteindre jusqu’à une centaine de micromètres), tandis qu’une technique de fluorescence devrait en outre contribuer à délimiter avec plus d’acuité encore la zone cancéreuse.
Loin d’être dans les cordes
Après des premiers tests techniques concluant, des essais précliniques sont actuellement en cours de réalisation sur des cadavres à l’institut d’anatomie de l’Université de Franche-Comté. Il s’agit notamment d’évaluer l’insertion de l’endoscope, la qualité de la visualisation 3D et d’une manière générale l’ergonomie de ce dispositif. S’ils se révèlent concluants, ces essais pourraient ouvrir la voie non seulement à une utilisation de ce nouveau système chez les patients, mais également au développement de nouvelles technologies pour d’autres types de chirurgie combinant la nécessité d’une extrême précision et une difficulté d’atteinte des zones à traiter.
Léa Crébat