Les "nouvelles drogues" à la Une

Paris, le mercredi 4 mars 2015 - Ce n’est pas la première fois que la sonnette d’alarme est tirée. Mais les alertes successives lancées ces dernières années n’ont pas semblé suffisantes pour endiguer la progression des "nouvelles drogues", des produits de synthèse dont la composition permet souvent de contourner les interdictions. Aussi, l’Organe international de contrôle des stupéfiants (OICS) estime dans son rapport annuel publié hier qu’elles constituent aujourd’hui « un problème de santé publique » de plus en plus prégnant.

Vide juridique

L’OICS constate ainsi que continuent d’être régulièrement identifiées de nouvelles substances utilisées comme des "drogues" : 388 ont été répertoriées l’année dernière, soit deux fois plus qu’en 2009, tandis que la progression a été de 11 % par rapport à l’année précédente. Cette importante augmentation est lié à plusieurs phénomènes. D’abord, internet offre une plateforme sans pareille pour faciliter la fabrication et surtout la circulation de ces nouvelles substances, telles les cannabinoïdes de synthèse ou les phénéthylamines. Par ailleurs, la commercialisation de ces produits jouit souvent d’un vide juridique.  « Ces substances sont souvent présentées comme des produits "légaux" ou "naturels" remplaçant les drogues placées sous contrôle, ce qui donne à penser à tort que, si elles ne sont pas placées sous contrôle (...), c’est qu'elles sont sans danger » remarque l’OICS dans son rapport.

Un sens de la synthèse américaine qui devrait inspirer des analogies

Dépourvus d’un arsenal juridique efficace, les états manquent globalement de moyens adaptés pour lutter contre ces nouvelles substances et leur mode de circulation qui diffère des réseaux traditionnels. Les spécialistes de la répression ne disposent pas  d’outils et de formation pour agir de manière efficace contre ces produits.

Cependant, l’OICS cite quelques exemples encourageants qui devraient inspirer les autres pays. Ainsi, les Etats-Unis se sont dotés l’année dernière d’une législation sur les "produits analogues"  qui leur a permis de mieux cibler les drogues de synthèse. Des saisies importantes ont pu être réalisées ainsi que de nombreuses arrestations. Il faut dire que cette réaction a été imposée aux Etats-Unis par l’ampleur pris par le phénomène outre-Atlantique : premier pays concerné par ces substances de synthèse, il demeure l’un des plus touchés aujourd’hui.

Cocaïne et héroïne : le jeu classique de l’offre et de la demande

Parallèlement à la montée de ces "nouvelles drogues", l’OICS confirme certaines tendances déjà observées ces dernières années. Ainsi, 2014 a une nouvelle fois été marquée par un recul de la cocaïne. Cette situation s’explique notamment par une importante réduction des surfaces consacrées à la culture du cocaïer dans les principaux producteurs du monde (Colombie, Bolivie et Pérou) qui a entraîné une très forte diminution de l’offre. Conséquence directe de cette évolution, les prix qui avaient considérablement diminué au début des années 2000, sont repartis à la hausse ces six dernières années. Ainsi, aujourd’hui, aux Etats-Unis on estime que 1,8 % de la population consomment de la cocaïne contre 2,5 % en 2006. Si la cocaïne recule, l’héroïne, elle pourrait voir sa consommation une nouvelle fois repartir à la hausse, en raison d’une nouvelle augmentation de la culture du pavot, en Birmanie et plus encore en Afghanistan. Enfin, la publication de son rapport annuel a été l’occasion pour l’OICS de s’exprimer publiquement contre les récentes légalisations du cannabis en Uruguay (légalisation remise en cause par un récent changement de pouvoir) et dans plusieurs états américains. Pour l’organisation internationale, de telles législations sont contraires au droit international.

Léa Crébat

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