
Londres, le samedi 14 mars 2015 - Le témoignage à la BBC d'un britannique prétendant être régulièrement saoul sans boire d’alcool a remis en lumière le syndrome d'auto-brasserie.
L’étrange histoire clinique de monsieur Hess
Pendant un an Nick Hess a souffert d’un mal inexplicable : «
c’était étrange, quand je mangeais des glucides, je devenais
bizarre, vulgaire ». Tous les matins, il était pris de
vomissements, de douleurs épigastriques et de céphalées. Au total
il présentait durant ses crises tous les symptômes de
l’ébriété.
Pourtant, Nick Hess le jure, il ne boit pas. Après des examens
médicaux infructueux, Nick découvre un case report publié
en 2013 dans l'International Journal of Clinical Medicine,
traitant d'un cas d'auto-brasserie. Cet article relatait l'histoire
d'un sexagénaire texan, arrêté pour conduite en état d'ivresse avec
un taux de 4 g d'alcool par litre de sang alors qu'il disait ne pas
avoir bu. Des examens avaient finalement révélé qu’il atteignait un
taux de 2 g d’alcool par litre de sang quelques heures après un
repas riche en glucides. Nick se décide alors à contacter l'auteur,
le Dr Barbara Cordell, un médecin américain, qui diagnostiquera
finalement chez lui aussi un syndrome d’auto-brasserie.
Une maladie si rare qu’elle n’existe peut-être pas !
Le syndrome d'auto-brasserie ou syndrome de fermentation intestinale a été décrit pour la première fois en 1976 dans un article japonais. Il s’agit d’une maladie rare, peu explorée et dont l'existence ne fait pas l'unanimité. Elle se manifesterait par une production enivrante d'alcool due à une fermentation endogène excessive dans le système digestif causée par la levure Saccharomyces cerevisiae.
Pour certains qui ne croient pas en l’existence de cette pathologie étrange, elle n’est en fait qu’un prétexte imaginé pour expliquer une attitude délictueuse bien réelle. Pour eux, les enzymes hépatiques métabolisant l’alcool avant qu’il ne passe dans la circulation systémique, il n’est pas possible qu’un déséquilibre entre levures et bactéries intestinales puisse avoir de si grandes conséquences.
Le traitement d’une pathologie à la réalité incertaine !
Le syndrome d’auto-brasserie, si l'on y croit, obligerait les personnes qui en sont victimes à proscrire les aliments à base de glucides, lents ou rapides, ou d’amidon. Des antifongiques sont également prescrits pour limiter la quantité de levures.
C’est ainsi que les symptômes de Nick Hess auraient pratiquement disparu : « j'ai encore un ou deux épisodes par mois, mais ce n'est rien par rapport à avant » confie-t-il…Affaire à suivre, en respectant les distances de sécurité !
Frédéric Haroche