Sherbrooke, le 21 mars 2015. La faculté de médecine de Sherbrooke au Canada, s’enorgueillit d’accueillir chaque année 5 à 8 étudiants de plus de 35 ans. L’un d’entre eux, Alexis Lanthier, vient d’obtenir son diplôme à l’âge de 42 ans, puisqu’il a commencé ses études de médecine après avoir exercé pendant huit ans le métier de représentant pharmaceutique. On peut imaginer qu’il a fallu beaucoup de courage et d’abnégation à ce vieil étudiant pour parvenir à la fin de ce cursus et on ne peut que l’en féliciter.
Mais commencer à exercer à un âge canonique (40 ans), ne relève pas de l’exception, tout au moins en France. La preuve : la dernière enquête de l’INSEE qui tente de dresser le profil du « jeune » médecin montre que l’âge à l’installation dans notre pays est désormais de 35,6 ans chez les omnipraticiens, 38,2 ans chez les spécialistes de secteur 2 et…41,1 ans chez les spécialistes de secteur 1.
Cela augure-t-il de durées de carrière plus courtes pour les médecins que pour les autres corps de métier ? Point du tout. On sait déjà que beaucoup de médecins poursuivent leur activité au delà de l’âge « légal » de 65 à 67 ans et que l’on compte de plus en plus de retraités actifs. Et dans le milieu hospitalier, pour pallier la vacance de trop nombreux postes, un amendement au projet de loi santé vient d’être adopté en commission qui repousse la limite d’âge auquel les praticiens hospitaliers sont autorisés à travailler : ce ne sera plus 68 mais 72 ans !
Pour revenir au sujet premier de cet article, saluant la bravoure de l’étudiant Lanthier, il faut donc malheureusement préciser, qu’au-delà de l’admiration qu’il inspire, il n’a plus qu’à « aller se rhabiller ! » Et pour enfoncer le clou, méditons aussi l’exemple de ce dentiste australien à la retraite qui a reçu à 97 ans, en 2012, un master de sciences médicales, après avoir obtenu un diplôme de droit en 2006. Pour éviter l’ennui et pour entretenir la mémoire…
Bref, le talent n’a souvent que faire du nombre des années.
Dr Marie-Line Barbet
