
Paris, le jeudi 2 avril 2015 – L’abus d’alcool est dangereux pour la santé mais comme sa consommation raisonnée ne serait pas nuisible, des députés peuvent sans sourciller proposer à leurs collègues de venir partager un verre de vin ou une coupe de champagne. C’est ainsi qu’hier les propositions se sont multipliées dans l’hémicycle émanant dans leur majorité de députés de l’UMP. Il s’agissait par ces invitations de militer contre un amendement au projet de loi de santé visant à permettre de faire varier les messages de prévention concernant l’alcool. Aujourd’hui, la loi Evin a gravé dans le marbre législatif l’immuable "L’abus d’alcool est dangereux pour la santé", empêchant toutes modulations. Des députés suggéraient de pouvoir piocher dans une liste d’avertissements de formulations différentes fixée par décret ou arrêté. Les vignerons se montraient très opposés à une telle mesure, qui risquait d’entraîner un durcissement de la modération de la loi Evin. Etait notamment redouté que l’on puisse lire demain sur les bouteilles de vin "L’alcool est dangereux". Les viticulteurs trouvèrent dans les députés de la droite de nombreux relais à leurs inquiétudes. Ces élus se montrèrent également très attachés à défendre un autre amendement visant à clarifier ce que la loi Evin entend par « promotion de l’alcool », afin disait-on qu’un reportage de presse sur une plantation viticole ne puisse pas tomber sous le coup de la justice (ce qui n’est jamais arrivé). Derrière cette défense de la liberté de la presse, se cachait une volonté d’assouplissement des dispositions en vigueur.
Pas d'amendement...mais un groupe de travail !
Face à ces mouvements contradictoires qu’elle n’observait guère d’un œil tendre, qu’il s’agisse de permettre de nouveaux avertissements concernant les dangers de l’alcool ou au contraire de mieux déterminer les actes de promotion, le ministre de la Santé a incité les députés à ne rien modifier de « l’équilibre de la loi Evin ».
Le message a été entendu et les amendements contestés ont finalement été rejetés, après qu’ait été promise la constitution d’un groupe de travail (!) sur les difficultés d’interprétation de la vieille loi. Une méthode qui a eu le mérite (pour une fois) de satisfaire toutes les parties.
Demain, après une journée de pause, les députés se pencheront sur les dispositions concernant le tabac.
Léa Crébat