Augmentation de l’activité gamma dans la schizophrénie

Un objectif prioritaire des neurosciences consiste à identifier des circuits neuronaux susceptibles d’intervenir dans des troubles neuropsychiatriques, et dont les perturbations pourraient être étudiées dans des modèles animaux de ces maladies, ce qui permettrait éventuellement d’envisager de nouvelles voies thérapeutiques. Dans cette optique, une étude réalisée aux États-Unis explore ainsi les modifications des ondes γ (bande de fréquences 30 à 100 Hertz) à l’électroencéphalogramme. Ces ondes γ retiennent l’intérêt des chercheurs car on présume que « leur mécanisme se maintient à travers les espèces » et que des anomalies dans cette bande de fréquences sont observées dans la schizophrénie, induites par certains contextes, en particulier des « déficits de la réponse en régime permanent auditif[1]. »

 Les auteurs ont comparé les électroencéphalogrammes de 24 patients « avec une schizophrénie chronique » à ceux de 24 sujets-témoins, les tracés ayant été obtenus au repos et lors d’une stimulation auditive aux fréquences de 20Hz, 30Hz et 40Hz. Cette recherche confirme l’augmentation de l’activité gamma spontanée dans la schizophrénie, comparativement aux sujets-témoins. Ce phénomène semble refléter une « perturbation de l’équilibre physiologique entre l’excitation et l’inhibition » et contribue peut-être au déficit de la réponse en régime stationnaire auditif[1].

Convergeant avec des études réalisées sur des modèles animaux de la schizophrénie (qui portent sur un dysfonctionnement du récepteur N-méthyl-D-aspartate [NMDA][2]), ces travaux suggèrent que la puissance de l’activité gamma spontanée pourrait « servir de biomarqueur de l’intégrité des récepteurs NMDA sur les interneurones inhibiteurs à parvalbumine » impliqués dans l’espèce humaine comme dans les modèles animaux de certains troubles psychiatriques[3]. Plus généralement, cette étude vient rappeler que la recherche en psychiatrie ne se résume plus désormais à la clinique humaine, mais peut aussi intégrer bien d’autres disciplines : électroencéphalographie, biochimie, modèles animaux, etc.

[1] http://www.google.com/patents/EP1284647B1?cl=fr
[2] http://www.ibens.ens.fr/spip.php?rubrique24
[3] http://www.axa-research.org/fr/projet/julien-courtin
 

Dr Alain Cohen

Référence
Hirano Y et coll.: Spontaneous gamma activity in schizophrenia. JAMA Psychiatry, publication avancée en ligne 14 Janvier 2015. doi:10.1001/jamapsychiatry.2014.2642

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