
Les troubles de la marche sont fréquents chez les seniors, en particulier lorsqu'ils présentent des maladies neurodégénératives. Ainsi dans la démence, la prévalence est estimée à 25 % avec un risque de chutes de 60 %, comparé à 30 à 35 % chez les seniors avec des fonctions cognitives normales. Les conséquences de ces chutes sont lourdes avec un risque multiplié par 5 d'être institutionnalisé et aussi un risque majoré de morbi-mortalité par fracture ou traumatisme crânien.
Des études préliminaires ont montré qu'un inhibiteur de l'acétylcholinestérase, le donépézil, indiqué dans la maladie d'Alzheimer modérée, peut avoir un effet sur les performances de marche. Le rationnel de cette hypothèse est que l'inhibition de la cholinestérase améliore l'attention et les fonctions exécutives, que les déficits cognitifs sont associés à un risque majoré de chutes et que dès lors, le donépézil pourrait réduire ce risque de chutes. L'ampleur de l'effet est mesurée par une amélioration de la vitesse de déplacement, du rythme et de la variabilité de la marche.
Le test de vélocité est amélioré
Une étude de phase II (1) a inclus 43 seniors (âge moyen: 76,9
ans, MMSE moyen: 24,63), présentant des co-morbidités de type
hypertension (53,5 %), diabète (9,3 %), arthrose (23,3 %) et
cancers (20,9 %). Ils ont été traités par donépézil 5 mg/j pendant
1 mois et 10 mg/j pour 3 mois supplémentaires.
Les résultats montrent que les sujets avec une maladie d'Alzheimer
modérée améliorent leur test de vélocité de 108,4 à 113,3 cm/s (p =
0,010); le test de double tâche est également amélioré (p = 0,028)
mais le résultat n'est toutefois pas significatif. On observe
également une amélioration du TMT (Trail Making Test) (A, p = 0,03,
B, p = 0,001 et B – A, p = 0,042). La cadence et le rythme en
revanche ne sont pas significativement améliorés à l'issue de la
période de suivi de 4 mois.
Pour les auteurs, le donépézil améliore la marche chez ce type de patients. Le fait que le test de double tâche s'améliore suggère un effet dans les fonctions exécutives. L'Effect Size est satisfaisant ce qui plaide pour la mise en place d'une étude de phase III. Il est en effet logique de penser que le gain dans l'attention et les fonctions exécutives améliore certains aspects des fonctions cognitives et peut être une stratégie préventive de réduction des chutes chez les seniors avec une maladie d'Alzheimer modérée.
Dr Claude Biéva