La ponction de sang au talon du nouveau-né est une pratique très répandue mais potentiellement douloureuse. Les traitements pharmacologiques visant à réduire la douleur du prélèvement sont peu utilisés car ils sont d’une efficacité limitée et les effets secondaires ne sont pas négligeables. De nombreuses méthodes non pharmacologiques ont été évaluées (succion non nutritive ou de glucose ou au sein, emmaillotement, stimulation sensorielle, musique) : toutes sont bénéfiques dans le cadre d’une douleur moyenne à modérée. Une équipe chinoise a cherché à comparer, dans une étude prospective randomisée, l’efficacité de l’allaitement maternel, la thérapie musicale et l’association des deux méthodes durant un prélèvement au talon.
L’étude s’est intéressée à 250 nouveau-nés à terme, eutrophes, en bonne santé, qui avaient passé le dépistage de la surdité, nourris au sein. Etaient exclus, entre autre, ceux qui avaient reçu des stimuli douloureux autres que l’injection de vitamine K, avaient eu un sédatif dans les 2 jours précédents, ou qui avaient déjà eu deux fois un prélèvement au talon.
Les enfants avaient reçu le sein 30 minutes à une heure avant le prélèvement. Dans le groupe thérapie musicale, de la musique « classique » (Richard Clayderman) était diffusée en boucle à 55-60 dB, cinq minutes avant le prélèvement et durant toute la procédure. Dans le groupe allaitement, les enfants étaient mis au sein cinq minutes avant le début de la procédure et devaient avoir une succion efficace tout au long du prélèvement. Le groupe musique plus allaitement recevaient les deux soins des deux autres groupes. Le groupe contrôle ne bénéficiait que des soins habituels. Tous les prélèvements, d’une durée moyenne d’environs une minute, ont été effectués par la même infirmière et les procédures étaient filmées de façon à être analysées et que le score de douleur aiguë du nouveau-né puisse être établi à partir de l’échelle ad hoc.
L’allaitement est significativement plus efficace que la musique pour retarder le moment du premier cri, qui est par ailleurs significativement moins long. L’association allaitement plus musique est elle aussi plus efficace que la musique seule, mais de façon moins nette. De même, le score de douleur sur l’échelle de douleur aiguë du nouveau-né est plus bas dans le groupe allaitement (3 sur un maximum de 7, contre 4,4 pour allaitement plus musique et 6 pour musique et groupe contrôle). Les différences significatives se retrouvent encore une minute après la fin du prélèvement, par contre cinq minutes après le prélèvement, les résultats sont similaires dans les différents groupes.
Pas besoin donc d’ajouter de la musique (tout du moins pas celle de Richard Clayderman…) à la mise au sein pour diminuer l’impact de gestes douloureux chez le nouveau-né.
Marie Gélébart
