Carnets de santé jugés sexistes : une pensée bien maigre !

Marseille, le mercredi 22 avril 2015 - Au premier plan, un petit garçon qui élève sa main au-dessus de sa tête, révélant son envie de grandir. Au second, une petite fille qui mesure son tour de taille à l’aide d’un mètre (pratique peu fréquente dans les cabinets médicaux et plus répandue dans les ateliers de couture !). Choisie par l’ancien conseil général des Bouches-du-Rhône, la nouvelle couverture des carnets de santé distribués à chaque naissance n’est pas passée inaperçue. C’est une dessinatrice de presse Lwara qui a lancé "l’alerte" sur twitter, jugeant "sexiste" cette image. L’antenne des Bouches du Rhône de l’association "Osez le féminisme" est vite montée au créneau. « L’injonction esthétique qui pèse sur les filles est aujourd’hui excessivement forte, elle est présente dans pratiquement toutes les publicités avec des photos retouchées montrant un modèle de beauté inatteignable. Comment est-ce qu’une institution comme le Conseil Général peut ignorer les complexes que cette injonction esthétique entraine et les désordres alimentaires qu’elle peut provoquer ? ». Qu’allait faire le Conseil général ? Se défendre de toutes mauvaises intentions ? Rappeler que la lutte contre la surcharge pondérale, et ce dès le premier âge est un objectif de santé publique impérieux (et que le risque de surpoids chez les filles comme chez les garçons demeure aujourd’hui bien plus important que celui potentiellement associé à l’exposition à des images stéréotypées) ? Signaler que les désordres alimentaires ne sont pas des maladies médiatiquement induites ? S’excuser de la gène occasionnée (admettre et affirmer que l’on aurait pu présenter un petit garçon mesurant son tour de taille ou se pesant) et passer à autre chose ? Non, dans un communiqué publié hier, le Conseil général, soulignant au passage que le choix de ce visuel relevait de l’ancienne équipe juge qu’il « apparaît inapproprié au regard des enjeux de santé publique, notamment liés à la lutte contre l’anorexie pour les jeunes filles » et a annoncé son retrait. Par une telle explication, le Conseil général se refuse à évoquer le caractère sexiste de l’image et se range derrière la défense de la santé publique, adoubant l’idée, contestée, selon laquelle l’anorexie est la conséquence d’une survalorisation médiatique de la minceur ! En attendant qu’un groupe de défense des hommes s’indigne de cette présentation des petits garçons comme devant nécessairement vouloir grandir, on se félicitera de la bonne santé économique du Conseil général capable de gâcher 33 000 euros en invoquant de faux arguments.

Léa Crébat