Paris, le samedi 25 avril 2015 - Si l’on avait dit à Nao qu’il deviendrait un jour animateur dans une maison de retraite, il l’aurait sans doute cru ! Mais du haut de ses 9 ans (une vie entière pour un individu de son espèce), il a déjà exercé de nombreux métiers. Il faut dire que Nao multiplie les qualités. Joyeux et ludique, il est capable de se souvenir des visages et des prénoms, de répondre à des questions et ne se met jamais en colère. Son principal défaut : il est vite fatigué.
Auprès d’enfants autistes
Nao a été conçu en 2006 par la société française Aldebaran Robotics (rachetée en 2012 par une firme japonaise). Ce robot humanoïde de 58 centimètres est équipé de caméras, de micros et de capteurs sensibles au toucher. Sa programmation initiale lui permet une large interactivité avec ses utilisateurs . Interactivité qui peut être différemment orientée en fonction des logiciels utilisés. Ainsi, le programme « Ask Nao » développé avec la collaboration de l’université Vanderbilt (Tennessee) a fait du petit robot un interlocuteur de choix dans la prise en charge d’enfants autistes. Des écoles américaines et britanniques ont ainsi été les premières à utiliser le petit robot dans ce cadre, avant que de rares établissements français adoptent à leur tour ce système.
Moins dure sera la chute
A l’heure de l’entrée de Nao dans la cour des maisons de retraite, le scénario est le même. C’est d’abord aux Pays Bas et en Belgique que les établissements accueillant des personnes âgées se sont intéressés au potentiel du robot humanoïde. Le programme ZORA (pour Zorg Ouderen Revalidatie en Animatie, soit Soins, revalidation et animation pour les personnes âgées) a été développé par des médecins et professionnels spécialisés dans la prise en charge des plus âgés. Sous l’égide de ZORA, Noa a vu ses fonctions encore renforcées : il est notamment désormais capable de détecter les chutes.
A midi, veau et carottes
ZORA ayant été développée en 19 langues, Noa a pu retrouver son pays natal : la France. Ainsi, va-t-il être testé dans une poignée de maisons de retraite d’Issy-les-Moulineaux. Dans l’une d’entre elles, Noa a déjà fait des ravages auprès des résidents. Non content de lire le journal, d’animer une séance de gymnastique et de tirer les numéros des bingo, Nao pose des questions : « Quel est votre poème préféré ? » et donne des renseignements utiles : « A midi, veau et carottes ». Bien sûr, beaucoup redoutent que l’entrée des robots dans les maisons de retraite n’incite certains décideurs à limiter le personnel. Mais Nao n’est pas destiné à prendre la place d’un aide soignant, d’une auxiliaire de vie ou d’une infirmière. Il se veut un relais social différent pour les résidents, souvent victimes de solitude, et qui ne trouvent pas toujours chez les soignants le soutien qu’ils espèrent en raison du manque de temps, mais aussi d’une certaine gêne. Avec Nao, cette distance, paradoxalement, n’existe pas. Son caractère ludique aiguise la curiosité de la plupart des personnes âgées.
Aurélie Haroche
