
Seattle, le samedi 2 mai 2015 - Deux écologistes convaincues, l'une suédoise, et l'autre américaine, partageant une même volonté d'offrir une alternative « verte » aux pompes funèbres, proposent de transformer nos chers disparus en…compost.
Un dernier plongeon…dans l’azote liquide !
C’est le projet suédois de Susanne Wiigh-Masak qui est le plus avancé, sa société Promessa ayant été fondée dès 2001 sur la petite île de Lyr. Biologiste de formation, elle a opté pour une réduction en compost via la cryotechnologie. Le défunt est d’abord plongé dans de l'azote liquide à -196°C, ensuite secoué quelques minutes, avant de se décomposer en minuscules particules, qui sont ensuite séchées à froid pour en extraire l'eau. La matière sèche restante est filtrée pour en retirer les métaux, puis transférée dans un cercueil biodégradable, lui-même enfoui à faible profondeur…
Si Susanne Wiigh-Masak n'applique pas exactement la technique du compostage traditionnel, « par respect pour les proches », l'Américaine, Katrina Spade, quant à elle, a élaboré un projet allant dans ce sens.
Le dernier voyage : quelques semaines sur de la sciure de bois…
Son projet, intitulé Urban Death, encore dans sa phase de conception, consistera à placer le cadavre au contact de sciures ou de copeaux de bois, dans un lieu ventilé. Au cours de la réaction, la température s'élèvera pour atteindre 60°C. Les bactéries du corps libèreront des enzymes qui désagrègeront les tissus, les mêlant peu à peu au bois jusqu'à l'obtention d'un produit similaire à du terreau. Reste que les tests de faisabilité de cette méthode sont pour le moment peu concluants…
Les pissenlits par la racine ou du terreau pour les pissenlits ?
Pour abriter ce rite funéraire d'un nouveau genre, cette architecte de profession a imaginé un bâtiment baptisé le « foyer ». Ce dernier servira à la fois de centre de compostage, mais aussi d'espace de recueillement pour les familles. Quelques semaines après le « dépôt », les proches pourront récupérer un pot de terreau, pour alimenter les fleurs de leurs jardins…
Parmi ses arguments commerciaux, la jeune femme insiste auprès du Huffington Post sur le « coût écologique » d'un enterrement traditionnel : « aux États-Unis, chaque année, 600 000 km de planches de bois, 1,6 million de tonnes de béton et 3,7 millions de litres de produits d'embaumements sont enterrés dans les cimetières ». Les crémations rejetteraient, quant à elles, 250 000 tonnes de CO2 dans l'atmosphère.
Outre quelques questions éthiques, le compostage humain soulève également des problèmes sanitaires, certains pathogènes, comme le prion, résistant au compostage, sans oublier les amalgames dentaires, parfois composés de mercure.
Mais, finissons sur une note « optimiste » en rappelant, à l’instar de Katrina Spade, que si ces pratiques mortuaires peuvent paraître choquantes, la crémation était encore taboue il y a quelques dizaines d’années… En matière de décomposition, il faudra donc, peut-être, bientôt composer avec ces méthodes !
Frédéric Haroche