
En cas de traumatisme crânien de l’enfant, le diagnostic entre commotion cérébrale et traumatisme bénin peut être difficile. Lorsqu’elle est pratiquée, l’imagerie cérébrale peut être normale dans les deux cas. Les symptômes de commotion sont difficiles à analyser chez le jeune enfant en raison des difficultés de verbalisation.
De surcroît, les symptômes peuvent apparaître dans les heures ou les jours suivant le traumatisme. L’erreur de diagnostic conduit à une absence de conseils pour la surveillance, augmentant le risque de méconnaitre les complications secondaires. En raison des difficultés du diagnostic, une conférence de consensus internationale à Zurich a émis des recommandations.
Une équipe de pédiatres urgentistes a conduit une étude prospective à Toronto chez les patients de 5 à 18 ans consultant pour un traumatisme crânien survenu dans les deux semaines précédentes. Les critères d’exclusion étaient les traumatismes majeurs et les retards du développement. Les sujets qui avaient eu une imagerie montrant une fracture et/ou hémorragie ou contusion cérébrale ont été exclus secondairement. Le but de l’étude était d’évaluer la proportion de patients remplissant les critères cliniques de Zurich en comparaison des diagnostics de commotion posés par les urgentistes. Dans ce but, les chercheurs ont interrogé les parents avant l’examen afin de réunir les symptômes évocateurs selon le consensus comme perte de conscience, céphalées, amnésie, vomissements, troubles visuels, vertiges et autres.
En tout, 495 patients répondant aux critères ont été identifiés. Leur âge moyen était à 10,1 ± 3,4 ans ; 308 (62,2 %) étaient des garçons. Les médecins urgentistes ont diagnostiqué une commotion pour 200 (40,4 %) alors que 443 (89,5 %) remplissaient les critères de Zurich (P < 0,0001). Les variables significativement associées au diagnostic de commotion par les urgentistes étaient un âge égal ou supérieur à 10 ans (Odds Ratio [OR] 1,8), la consultation au moins 1 jour après le traumatisme (0R 2,4), la pratique de sports entraînant des chocs sur le crâne (OR 5,6), des céphalées (OR 2,2), une amnésie (OR 3,4). En revanche, la proportion d’enfants avec une perte de conscience (10,5 %) était identique en cas de diagnostic de commotion et de traumatisme bénin. L’existence d’au moins 3 symptômes, plus fréquente en cas de commotion (57,5 %) était néanmoins notée dans 35,8 % des diagnostics de traumatisme bénin. Après diagnostic de commotion, 54,5 % des enfants ont eu des consignes spécifiques et seulement 32,6 % de ceux qui remplissaient les critères de Zurich
En conclusion, dans cette série, le diagnostic de commotion a été posé moins fréquemment que ne le voudrait l’application de critères internationaux et basé sur un nombre limité de paramètres.
Pr Jean-Jacques Baudon