Selon une enquête IFOP/Lesieur, deux tiers des médecins généralistes s’intéressent à la nutrition, un taux qui ne cesse de progresser. Et 43 % des patients reçoivent des conseils alimentaires de leur médecin traitant (dans 6 cas sur 10 à son initiative). Pourtant, beaucoup de médecins manquent de temps et sont demandeurs d’outils pour les aider à changer le comportement de leurs patients. A cette fin, le Dr Francis Abramovici (vice président de l’Unaformec) et Elisabeth Pais-Da Silva (nutritionniste, Lesieur) ont constitué un groupe de travail composé de médecins généralistes, nutritionnistes et pharmaciens ayant utilisé avec succès des méthodes inspirées des théories de Prochaska et Di Clementi. Pour rappel, ces deux psychologues avaient constaté que le changement de comportement s’effectuait en une ou plusieurs séries de 6 étapes:
. Pré-contemplation : le patient n’envisage pas de manger moins
sucré dans les 6 mois, par exemple ;
. Contemplation : il pense que ce serait bien de manger moins de
sucré dans les 6 prochains mois ;
. Préparation : il est décidé et envisage de commencer plusieurs
jours dans le mois ;
. Action : il s’habitue à réduire les aliments sucrés tous les
jours depuis moins de 6 mois ;
. Maintenance : il mange peu sucré depuis plus de 6 mois malgré les
événements mettant à l’épreuve son engagement…
. Accomplissement, ultime étape de la réussite : le changement de
comportement est acquis.
Les deux piliers de l’accompagnement sont l’entretien motivationnel visant à déclencher l’envie de changer, et la « stratégie des petits pas » pour que ce changement soit durable. Le Dr Michel Doré (médecin généraliste) estime qu’il faut reconnaître les difficultés et le « coût psychologique » du changement, encourager le patient et l’inciter à choisir ses propres objectifs selon le calendrier qui lui convient. Quant à Magali Baudrant (pharmacien, CHU de Grenoble), elle utilise différents « leviers » tels que les échelles visuelles analogiques, afin d’évaluer la motivation, et la technique OUVER pour l’entretien (poser des questions OUvertes, Valoriser, Ecouter et Reformuler). Une fois le patient engagé dans l’action, il faudra souligner les réussites ; repérer les obstacles et effets indésirables ; soutenir le sentiment d’efficacité personnelle.
Enfin, grâce au soutien de Lesieur, le Dr Abramovici, et le comité d’experts, ont conçu un support sous forme de dossier intitulé « La motivation, un facteur clé du changement de comportement ». Celui-ci est composé d’un « Petit traité de motivation » pour le médecin et de 4 fiches pour ses patients : « Manger moins salé », « Manger moins gras et moins sucré », « Prévenir la prise de poids autour de la ménopause » et « Diminuer son tour de taille ». Deux autres fiches ont été ajoutées : « Bien manger en horaires décalés » et « Bien vivre son alimentation en cas de diabète ». Ce kit a été discuté avant validation par 23 praticiens de l’Unaformec. La grande majorité des médecins qui l’ont utilisé estiment qu’il facilite la discussion sur la nutrition et l’activité physique et améliore la prise en charge.
Véronique Canac