Nourrisson dépassant les 42°C non pris en charge par le Samu : des parents portent plainte

Angers, le lundi 18 mai 2015 – Les appels au Samu par des parents d’enfants inquiets face à leur enfant fiévreux sont plus que fréquents. Il faut dire que les recommandations sont claires : les parents sont invités à joindre un médecin dès lors que la température de leur nourrisson dépasse les 40°C et d’une manière générale s’ils s’inquiètent pour leur enfant. Charge alors pour le permanencier du SAMU de différencier ce qui relève d’une crainte non fondée sur l’état clinique du nourrisson (et liée à une certaine inexpérience) ou d’une situation médicale véritablement alarmante. Dans la nuit du 4 au 5 mai, au SAMU d’Alençon, il est possible que cette distinction n’ait pas été faite de manière appropriée.

Un bain et du Doliprane

Julie Pitel est la mère d’une petite fille, Ayana 5 mois. Lundi, l’enfant reçoit le vaccin contre la diphtérie, le tétanos, la coqueluche et la poliomyélite. Les parents sont avertis du risque d’une poussée de fièvre. Dans la nuit, Ayana souffre en effet d’une très forte élévation de sa température. « Ma fille avait 42,5 degrés de fièvre, j’ai paniqué ! Elle avait les yeux ouverts mais elle ne bougeait plus. J’ai appelé le 15 », raconte-t-elle à Europe 1. A l’autre bout du fil, on tente de rassurer la jeune mère qui vit à Sées (Orne) et qui précise qu’elle n’a aucun moyen de locomotion. Il lui est demandé si l’enfant a été victime de convulsions. La réponse est négative. Le permanencier du Samu paraît rassuré par cette information : il préconise les méthodes antipyrétique habituelles. Il conseille de lui administrer du paracétamol et même de lui donner un bain (ce qui pourtant n’est aujourd’hui plus systématiquement prôné). La fièvre baisse à 40°C, mais face à une enfant qui ne dort pas et qui demeure peu, voire pas, réactive, Julie contacte le lendemain matin la pédiatre de garde. Elle se montre, elle aussi, rassurante et l’invite à se diriger vers son médecin traitant. Julie préfère se faire emmener aux urgences de l’hôpital d’Alençon. L’enfant, dont l’équipe diagnostique très rapidement qu’elle souffre de convulsions, est immédiatement prise en charge et placée sous oxygène, mais son état ne s’améliore pas. Elle est alors transférée au service de réanimation du Mans, avant d’être conduite au CHU d’Angers où elle demeure aujourd’hui dans le coma et atteinte de lésions cérébrales, révélées par l’IRM, très probablement irréversibles.

Enquêtes

Révoltés, les parents ont décidé la semaine dernière de déposer plainte contre le SAMU d’Alençon. Une enquête interne a été ouverte au sein du centre hospitalier qui reste discret. Cette inspection devra préciser la teneur exacte de la conversation entre le permanencier et la mère de l’enfant. Cette dernière a-t-elle bien précisé la température de l’enfant ? Le permanencier a-t-il voulu croire que la température n’avait pas été correctement prise ? Ou pire (ce que l'on ne peut pas croire) ignorait-il la gravité d’une telle situation ? Affaire à suivre.

Aurélie Haroche

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Vos réactions (6)

  • Responsabilité du SAMU ?

    Le 18 mai 2015

    Le rôle de l'infirmier permanencier est de prendre les coordonnées de l'appelant et de passer l'appel au médecin régulateur, de jour comme de nuit, non de jouer au petit médecin et de donner son avis au patient sans en référer au médecin.Normalement les propos sont enregistrés, et ce qui s'est vraiment dit sera connu.

    Dr C. Vidal

  • Une précision

    Le 20 mai 2015

    Précision: Auxiliaire de Régulation Médicale (pas infirmier).

    G Kierzek

  • Réaction post-vaccinale

    Le 20 mai 2015

    Quel est le nom précis du vaccin tétravalent administré à l'enfant?
    Dr V.Trogher

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