Trois quarts des survivants à un arrêt cardiorespiratoire reprennent leur travail…au Danemark

Le pronostic des arrêts cardiorespiratoires (ACR) se produisant en dehors d’un hôpital reste globalement médiocre. Cependant plusieurs études ont montré une amélioration des taux de survie au cours des deux dernières décennies. Au Danemark, les différentes mesures mises en place pour faire face à un ACR extra-hospitalier ont conduit à multiplier par 3 le taux de survie à 30 jours et à 1 an au cours de dix dernières années. Ceci implique d’évaluer l’évolution fonctionnelle et neurologiques à long terme de ces survivants. La reprise du travail avec le même salaire indique que les capacités fonctionnelles rejoignent celles antérieures à l’accident et c’est donc sur ce critère qu’a porté une étude menée au Danemark, visant à apprécier le pronostic à long terme des patients ayant survécu à un ACR extrahospitalier.

Elle s’est basée sur les informations recueillies dans un registre spécial, en l’occurrence le  Danish Cardiac Arrest Register qui, depuis 2001, collige tous les ACR survenus en dehors du milieu hospitalier.

Entre 2001 et 2011, ont été ainsi inscrits dans le dit registre 12 332 sujets en âge de travailler (18-65 ans). Au sein de cet échantillon, ont été sélectionnés 4 353 victimes d’un ACR qui avaient la particularité d’exercer un emploi salarié. Au total, 796 d’entre eux étaient en vie 30 jours après l’évènement. L’âge médian était de 53 ans (quartiles 1-3, 46-59 ans) et il s’agissait en majorité d’hommes (81,5 %). Au terme d’une période médiane de 4 mois (quartiles 1-3, 1-19 mois), 76,6 % des intéressés (n = 610) avaient repris leur travail. Six mois après, 455 d’entre eux (74,6 %) étaient toujours en poste sans s’être arrêtés un seul jour. La durée médiane de l’activité professionnelle après la reprise a été estimée à 3 ans.

La proportion de patients ayant repris leur travail a augmenté entre 2001-2005 et 2006-2011, passant en effet de 66,1 % à 78,1 % (p = 0,002). Une analyse multivariée selon le modèle par régression de Cox a permis d’identifier plusieurs variables associées à un retour au travail pour une durée ≥ 6 mois : (1) période, soit 2006-2011 versus 2001-2005 (hazard ratio, HR, 1,38 ; intervalle de confiance à 95 %, IC, 1,05-1,82) ;  (2) sexe masculin (HR, 1,48 ; IC, 1,06-2,07) ; (3) âge compris entre 18 et 49 ans versus 50-65 ans (HR, 1,32 ; IC, 1,02-1,66) ; (4) ACR survenu en présence de témoins (HR, 1,79 ; IC 1,17-2,76) ; (4) réanimation cardiorespiratoire débutée par le(s) témoin(s) (HR, 1,38 ; IC, 1,02-1,87).

De cette étude, il ressort qu’à la suite d’un ACR extra hospitalier, les survivants, dans leur grande majorité, reprennent leur travail, tout au moins ceux qui avaient une activité salariée. La proportion a nettement augmenté en l’espace d’une décennie, ce qui suggère que les rescapés sont maintenant mieux sur le plan fonctionnel qu’il y a dix ans, sans doute du fait d’une efficacité accrue des manœuvres de réanimation cardiorespiratoire.

Dr Philippe Tellier

Référence
Kragholm K et coll. Return to Work in Out-of-Hospital Cardiac Arrest Survivors: A Nationwide Register-Based Follow-Up Study. Circulation. 2015;131: 1682-1690.

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