Paris, le mercredi 10 juin 2015 - Moins d’une semaine après la décision de la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) confirmant le bien fondé de l’arrêt du Conseil d’Etat qui avait jugé conforme à la loi Leonetti la décision d’interrompre les soins (l’alimentation et l’hydratation notamment) apportés à Vincent Lambert, son "comité de soutien" semble plus que jamais déterminé à poursuivre le combat. Une vidéo a ainsi été postée aujourd’hui sur le site de l’association Famille chrétienne. On y voit un homme qui se présente comme un camarade de classe du patient décrivant sa dernière rencontre avec Vincent Lambert. On découvre notamment le tétraplégique en train "d’écouter" sa mère au téléphone, puis "regardant" son frère. Dans les deux cas, certains signes pourraient apparaître comme des réactions (clignement prolongé des yeux, visage tourné vers son interlocuteur, signe de déglutition plus marqué). Cependant, la plupart des spécialistes tiennent à rappeler que les patients en état végétatif présentent de nombreuses réactions aux stimuli sensoriels qui ne doivent pas être interprétés comme des interactions avec l'environnement. Aussi, ce qui apparaît pour beaucoup comme une instrumentalisation des images de Vincent Lambert a été sévèrement dénoncée. Le docteur Eric Kariger qui a pris en charge le tétraplégique pendant plusieurs mois et à l’origine de la décision de suspension des soins a commenté sur Europe 1 : « On ne peut pas faire de déni de réalité. Je rappelle que les meilleurs experts ont donné un regard sur cette situation. Et malheureusement, le diagnostic et le pronostic qui ont été confirmés c'est l'état végétatif grave et irréversible. Ça s'appelle de la manipulation. J'en ai les larmes aux yeux en vous parlant. C'est douloureux, c'est dramatique. C'est irrespectueux pour le malade, pour son épouse et sa fille, qui ne peuvent pas faire le deuil, à travers cet acharnement qui vient de leur propre famille. C'est dramatique ». De son côté, le chef de l’unité de soins palliatifs de Pontoise, Bernard Devalois s’est montré plus direct sur BFM en s’indignant face à une « manipulation politico-religieuse » et en lâchant : « On lui lirait le bottin, on aurait les mêmes images ».
M.P.