
Paris, le samedi 27 juin 2015 – Ils nous sauvent, nous soulèvent et parviennent même parfois à devenir la trame de la vie. Cette même existence qui chahute tant les espoirs de bonheur, ou tout simplement de glisser tranquillement sur le fil de l’eau. Un parmi d’autres, le Sida, a été et reste un empêcheur de rêver en rond, dressant une épée de Damoclès sur la moindre idylle naissante, sur toutes les échappées belles. Pourtant, aujourd’hui, le mot d’ordre du festival Solidays qui se déroule ce week-end à Paris à l’hippodrome de Longchamp implore Keep on Dreaming. Le rêve aujourd’hui semble à portée de main, en partie grâce aux formidables élans de solidarité et à l’argent récolté lors d’événements tels que Solidays (dont les recettes sont reversées au profit de la lutte contre le Sida). Le rêve prend ainsi cette année encore la forme des mélodies et des tempos déversés sur les étendues de l’hippodrome, avec en invités vedettes (parmi de nombreux autres), Izia, IAM, Zebda ou encore Vianney.
Pas pareil
Inévitablement, Solidays donne envie de danser.
Mais comment croire encore au rêve de la souplesse des corps, de la
liberté des gestes, quand un handicap vous prive de cette grâce.
Rêvant toujours et absolument, les danseurs de la troupe Candoco
Dance n’ont pas renoncé. Ils forment une compagnie atypique depuis
1991 où l’on compte des artistes, certes souffrant d’un handicap,
mais surtout parfaitement talentueux. Tant et si bien
qu’aujourd’hui d’autres compagnies viennent rechercher les danseurs
de la Candoco Dance pour les enrôler le temps d’un spectacle ou
d’une tournée. C’est ce que l’on découvrira à Montpellier les 1er
et 2 juillet, tandis que la "pièce" Tenir le temps de Rachid
Ouramdane sera présenté au festival de danse de la ville. Le
chorégraphe remarqué depuis les années 90 explique vouloir dans ce
spectacle « soumettre seize interprètes à une mécanique qui les
dépasse, faite d’actions rythmées, d’effets de mouvements-dominos,
d’avalanches et de réactions en chaîne ».
Appareil
Inévitablement, Solidays donne envie d’entendre. Pendant, des années, Isabelle Fruchart, a été privée de cette joie. Depuis l’âge de 14 ans, elle était pratiquement totalement sourde, une surdité que les praticiens mirent très longtemps à diagnostiquer. Une fois compris, le handicap d’Isabelle Fruchart a enfin pu être soigné, grâce à des "nouvelles oreilles". C’est ce qu’elle évoque dans le beau "one woman show" Journal de ma nouvelle oreille , mis en scène au théâtre du Rond Point à Paris par Zabou Breitman. Jusqu’au 4 juillet, il sera permis de rêver sous le son mélodieux de la jolie voix d’Isabelle et d’entendre à travers elle la joie de pouvoir continuer à rêver.
Sans pareil
Il est pourtant des heures où toute possibilité de rêve semble interdite. Richard Casey, le héros du roman de l'écrivain américaine Hollis Seamon, Dieu me déteste, a dix-huit ans et est condamné par un cancer. Après avoir passé une grande partie de son adolescence dans une chambre d’hôpital, le voilà destiné aux soins palliatifs. Pas de quoi rêver. Et pourtant, Richard rêve encore, au joli visage d’une de ses voisines de chambre, aux émois qu’il pourrait connaître avant de partir, aux expériences qu’il pourrait tenter. Et il finit par ne pas seulement en rêver.
Musique : Festival Solidays, du 26 au 28 juin, Hippodrome de Longchamp, Paris
Danse : Tenir le temps, de Rachid Ouramdane, festival de danse de Montpellier, Théâtre de l’Agora, rue de l’Université, Montpellier, les 1er et 2 juillet
Théâtre : Journal de ma nouvelle oreille, d’Isabelle Fruchart, théâtre du Rond Point, Paris VIIIème, jusqu’au 4 juillet
Roman : Dieu me déteste, d’Hollis Seamon, 10/18, 240 pages, 7,10 euros
Aurélie Haroche