Sensibilisation et/ou exposition à un ou plusieurs allergènes et infections virales font partie des principales causes d'hospitalisations pour exacerbations chez les jeunes asthmatiques et agissent de façon synergique pour en augmenter la probabilité.
L'équipe de Manchester s'est attaquée à cette association de malfaiteurs en diminuant l'exposition aux acariens d'asthmatiques de 3 à 17 ans qui y étaient sensibilisés (test cutané positif) grâce à des protections du matériel de literie (matelas, oreillers et duvets) imperméables aux acariens.
Ce travail a été récompensé par un prix de la meilleure présentation orale dans la catégorie asthme pédiatrique et rhinite.
Un projet ambitieux
L'étude multicentrique menée en double aveugle PAXAMA (Preventing Asthma eXacerbations by Avoiding Mite Allergen) a enrôlé 284 jeunes asthmatiques ayant récemment fait une exacerbation.
Le critère principal d'évaluation était la survenue d'exacerbations sévères sur une période de suivi de 12 mois.
Au total 146 sujets ont été alloués au bras intervention (protections pour la totalité du matériel de literie présent dans la chambre où dormait habituellement le sujet et dans tous les lieux où il dormait plus d'une nuit par semaine) et 138 au bras contrôle (placement, selon les mêmes modalités, de protections identiques en coton polyester)
Et cela fonctionne
L'efficacité des protections est attestée par des taux de Der p1 dans les matelas stables dans le bras contrôle, mais diminués significativement dans le bras intervention.
Globalement, l'analyse en intention de traiter sur l'ensemble des données évaluables à 12 mois indique une moindre proportion de sujets ayant recours aux services hospitaliers pour exacerbations dans le bras intervention que dans le bras placebo, respectivement 29,3 % (36/123) et 41,5 % (49/118).
Après ajustement pour l'âge, le traitement de fond, l'exposition au tabac et le nombre d'hospitalisations au cours des 12 mois précédents, la probabilité de recours aux services hospitaliers pour exacerbations est significativement diminuée de 37 % dans le bras intervention (HR = 0,63 ; intervalle de confiance à 95 % [IC95] de 0,42 à 0,96 ; p = 0,034).
Il n'y a en revanche pas de diminution significative du nombre de cures de corticothérapie orale (HR = 0,77 ; IC95 de 0,53 à 1,10 ; p = 0,15).
Agir dès le plus jeune âge
L'âge était un facteur de stratification de cette étude et l'analyse montre que ce sont les sujets les plus jeunes qui tirent le bénéfice maximum de l'intervention. Pour la tranche d'âge 3 à 10 ans, la réduction des recours aux services hospitaliers atteint 45 % (HR = 0,55 ; IC95 de 0,34 à 0,88 ; p = 0,0013 et chez ces sujets il existe également une réduction significative de 39% des cures orales de corticoïdes (HR = 0,61 ; IC95 de 0,40 à 0,92 ; p = 0,02). Les résultats ne sont pas significatifs pour la tranche d'âge 11-17 ans.
Dr Jean-Claude Lemaire