Augmentation des violences déclarées par les établissements de santé: les infirmières cibles privilégiées

Paris, le mercredi 1er juillet 2015 – Il y a neuf ans était mis en place l’Observatoire des violences en milieu de santé, chargé de recevoir les déclarations des établissements. La meilleure connaissance du dispositif et la simplification de la procédure de signalement ont contribué d’année en année à une augmentation du nombre de faits rapportés : ainsi entre 2011 et 2012, les déclarations étaient multipliées par deux, sans que ce bond puisse être considérée comme un accroissement réel de la violence. Entre 2013 et 2014, la progression était marquée, atteignant 12 %, mais il demeure néanmoins difficile d'appréhender l'évolution  réelle de la violence dans les établissements de santé. On notera cependant que si le nombre de déclarations a connu une hausse marquée (passant de 11 021 à 12 432), le nombre d’établissements déclarants lui est demeuré stable (353 contre 352).

L’Ile de France sur représentée

Autre phénomène lié (sans doute) à un biais de déclaration, la très forte représentation de l’Ile de France se confirme cette année encore : 3 845 faits ont été signalés par ses hôpitaux. Si le nombre d’établissements et la spécificité de la région ne peuvent exclure qu’elle soit particulièrement touchée par les incivilités et autres violences, cette sur déclaration est également liée à une politique très incitative développée au sein de l’Assistance publique des hôpitaux de Paris (AP-HP) qui a fait de la lutte contre ces phénomènes l’une de ses priorités (la proportion de déclarations est d’ailleurs en Ile de France beaucoup plus faible dans les établissements non affiliés à l’AP-HP). En tout état de cause, comme le notent eux-mêmes les auteurs du dernier rapport en date qui vient d’être publié par le ministère de la Santé : « Les données brutes auraient peu de signification en elles-mêmes, tout l’intérêt réside dans l’analyse que l’on peut en faire, les conclusions que l’on peut en tirer sur la réalité et les contours du phénomène observé ».

Les infirmières fréquemment prises pour cibles

Plus pertinentes sont donc probablement les données concernant les services touchés, le type d’infractions et le profil des auteurs. Ainsi retiendra-t-on que la psychiatrie concentre un quart des événements rapportés, suivis des services des urgences (14,17 %) et de médecine. Les déclarations font le plus souvent état d’atteintes aux personnes (72 %). Il s’agit de violences physiques dans 45 % des cas et d’injures dans 32 % des signalements, tandis que les menaces armées ne représentent qu’un pour cent des déclarations, mais là encore on ne peut exclure certains biais. Les victimes sont très majoritairement les personnels (78 %), avec une importante représentation des infirmières (46 % des cas) et moindre des médecins (10 %).

Les patients sont le plus fréquemment les auteurs de ces faits (neuf fois sur dix), tandis que dans un quart des cas les proches peuvent également participer aux injures et aux coups. Face à ces phénomènes, un nombre croissant d’établissements adoptent des politiques spécifiques et s’équipent en dispositifs de vidéo surveillance. « Depuis mai 2014, le fond interministériel de prévention de la délinquance a été ouvert aux hôpitaux publics pour leur permettre de s’équiper en matière de vidéosurveillance (…) Ces équipements améliorent le sentiment de sécurité des personnels, permettent d’agir préventivement et de fournir des preuves aux 28 enquêteurs chargés d’un dossier de plainte notamment » indique le rapport.

Aurélie Haroche

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Vos réactions (1)

  • Moins violent que les projets de la direction

    Le 05 juillet 2015

    Si les violences ont toujours existé, elles sont sans doute mieux déclarées aujourd'hui et on constate donc une augmentation qui n'en est pas une.
    Infirmier de nuit en psychiatrie, j'ai reçu un coup de poing au visage de la part d'une patiente, il y a tout juste un mois...ce qui m'aurait valu un coup de fil du médecin et du cadre du service la nuit suivante pour s’enquérir de ma santé a aujourd'hui été remplacé par une déclaration d’événement indésirable et d'accident de travail...le coup de fil sympa a disparu...des gens de la direction ont réfléchi à ce cas et m'ont envoyé un document administratif...Je vais donc rentrer dans les stats pour 2015, tout comme mes deux collègues agressés eux aussi à la même période!
    Ce coup reçu fait partie des risques de mon métier et je le considère beaucoup moins violent que les projets de la direction et du corps médical (complice, ...sic) qui visent à supprimer des postes d'infirmiers ou à remplacer des infirmiers par des AMP ou autres aides-soignants...
    Les chiffres vont exploser, les accidents de travail se multiplier et ce seront les mêmes complices qui se demanderont pourquoi...
    Vivement la retraite...encore 5 ans à tirer...

    Philippe Hilaireau

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